Mia Novakova[BGR]

  • Photographie & Cinéma

Chronique

Le 05.11.2019 par JULIETTE MANTELET

Mia Novakova explore la nuit, à la manière de Matthieu Bühler et de Marilyn Mugot de notre série nocturne asiatique. La jeune photographe maîtrise à fond les codes du cinéma et du digital et développe un univers prenant et mystérieux entre science-fiction, jeux vidéo, néons et cyperpunk. Peuplé de références : de Blade Runner, l’incontournable, à Drive.

NIGHTCALL

Mia a commencé la photo pour immortaliser les ciels du coucher de soleil et les lumières de la ville. Des éléments qui peuplent aujourd’hui encore ses clichés. Les néons inquiétants et futuristes sont ses sujets préférés. Ils donnent l’impression de plonger dans des villes ultra modernes dignes des capitales d’Asie bien que Mia vive en Bulgarie. Des villes où l’intelligence artificielle et les robots prendront un jour le pouvoir, comme dans les récits de science-fiction ou les épisodes de « Black Mirror ».

On repère tout de suite ses photos à leurs teintes froides et spectrales. Des couleurs qui appartiennent à une autre dimension et évoquent aussi la technologie. La lumière bleue néfaste des écrans. Le bleu justement domine, accompagné de violet et d’une teinte verdâtre de monstre. Les couleurs de l’avant-gardiste Sony Center de Berlin, un lieu cyberpunk. On imagine bien Ryan Gosling rouler dans les nuits de Mia. Si la nuit semblait apaisée chez Marilyn ou Matthieu, elle est propice au fantastique et au bizarre chez la jeune bulgare. De la même manière que le photographe Feng Li, l’étrange et le menaçant naissent dans ses images à la nuit tombée. Une robe rouge négligemment posée sur un lit, une cuisine ou les yeux d’un chat, éléments pourtant familiers, deviennent effrayants par les lumières saturées et les teintes irréelles de la photographe.

Mia se joue des codes du cinéma. Experte du genre elle mêle références à la science-fiction et narration fantastique, où l’étrange surgit dans le quotidien. Et crée ainsi un genre photographique bien à elle : l’inquiétant esthétique. Les oiseaux envahissent la ville dans un clin d’œil à Hitchcock, des éclairs superbes déchirent le ciel, un chat se transforme en monstre aux yeux rouges, une femme en robot, une lumière verte d’OVNI transforme les bâtiments et les humains. Les ombres, les reflets, les flous envahissent la ville. Entre le rêve et le cauchemar. 21h38 : l’heure du crime.

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