Sophie Villa[ITA]

  • Illustration

Chronique

Le 22.07.2019 par JULIETTE MANTELET

Évidemment le travail de Sophie Villa, illustratrice italienne installée à Turin, nous a tout de suite rappelé les scènes remplies d’amour et de fraîcheur des sœurs Sorlet. Sophie est un peu leur équivalent italien, elle défend elle aussi des traits simples, minimalistes et efficaces pour transmettre des émotions joyeuses et apaisantes. Ça parle d’amour, de vacances et de femmes, un vrai bonbon pour les yeux, sans prise de tête.

LESS IS MORE

Sophie Villa est une fervente adepte du style « less is more ». Elle veut que ses traits soient les plus simples possibles, persuadée qu’un style minimaliste et propre est toujours le meilleur pour parvenir à transmettre quelque chose. Ainsi, elle élimine les décors, faisant évoluer ses personnages sur des vagues colorées bicolores qui donnent du mouvement à ses scènes et deviennent sa marque de fabrique. Elle schématise ses personnages, leurs visages sont composés de points noirs et d’une tâche rouge pour les lèvres. Cette patte évoque les bande-dessinées aux personnages schématiques comme Quick et Flupke ou même Tintin, dont le visage se résume à deux parenthèses en guise de sourcils, deux points noirs pour les yeux et une sorte de crochet pour le nez… Sophie dessine de manière enfantine les corps et les formes, avec la même innocence et la même fraîcheur qu’un enfant qui esquisse simplement ce qu’il voit, sans préjugé. Comme en bande-dessinée, l’émotion et le message véhiculé prévalent sur la précision de la représentation. Sophie dessine les bonheurs simples de sa vie quotidienne pour livrer avant tout à son public un message de joie qu’elle pense vital aujourd’hui. Elle souhaite plus transmettre une émotion, un sentiment, un souvenir, que représenter des personnages, à la manière des sœurs Sorlet ou de Minerva GM. Son message d’amour compte plus que ceux qui le véhiculent, les gestes plus que les visages.

L’AMOUR, L’AMOUR, L’AMOUR

Le style naïf de Sophie colle parfaitement à son message innocent et élémentaire : il faut profiter de la vie et surtout des choses simples. Sophie se contenter de petits détails pour sourire au quotidien. « Cette simplification est tout pour moi, dans mon travail comme dans ma vie », s’exclame la jeune femme qui essaie de trouver du beau même dans l’abstrait. Avec optimisme et légèreté elle décrit son travail comme « un milkshake de sentiments ». Elle aime les couleurs vives et pop, les thèmes légers. Elle revendique le fun, « essentiel dans nos vies », surtout aujourd’hui où les médias sont sans cesse saturés de tristesse et d’horreur entre les guerres, les attentats et la crise écologique… Pour la jeune femme, il y a assez de chagrin autour de nous, quoique l’on fasse, et il faut proposer autre chose. Opposer à la haine, la destruction et l’accablement, la liberté, l’amusement et l’amour.

En parlant d’amour, Sophie dessine le vrai amour sincère, l’amour du quotidien partagé et surtout, « les gestes que l’on prend trop souvent pour acquis et que l’on n’apprécie pas autant qu’on le devrait ». L’illustratrice possède une très belle vision de la relation amoureuse, qui doit rester  selon elle : « simple, rigolote et sans trop de parano ». Elle désire illustrer ces moments qui nous font comprendre que l’on est aimé et que l’on aime en retour. Tout ce que l’on ne dit pas tout haut mais qui s’exprime encore plus fort dans une étreinte, un pas de danse ou un regard dans la même direction…

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