Xaviera Altena[NLD]

  • Illustration

Chronique

Le 03.06.2019 par JULIETTE MANTELET

Rien de tel pour dynamiser un lundi retour de week-end prolongé que de partir en immersion dans la bulle pop de Xaviera Altena. Cette jeune illustratrice basée à Rotterdam imagine un monde balançant entre bande-dessinée et pop art, associé à un zeste de féminisme et surtout à des couleurs pétantes dignes des emballages des bubble gum Hubba Bubba.

BUBBLE POP

Xaviera livre des illustrations 100 % numériques, collant parfaitement aux mots d’ordre de l’illustration moderne : nette, colorée, minimaliste et efficace. Le digital permet d’obtenir ces différentes zones colorées sans ombre ou débordement. Chaque couleur tranche et se détache. Aucune n’est subordonnée à une autre. Ces grands aplats de couleurs franches, caractéristiques de l’illustration numérique, rappellent Malika Favre, Elsa Martino, Marylou Faure ou encore Quentin Monge. Ce style 2.0 se rapproche pour Xaviera de la ligne claire, défendue par Hergé. Elle aime son côté propre, ces lignes puissantes, cette absence de contraste… On reste dans un type d’illustration très design et minimal. Les personnages comme les objets de Xaviera sont toujours représentés sur des fonds de couleurs. Elle n’imagine pas les décors, préférant se concentrer sur les gens et les petits objets, chaussures, cigarettes… Le petit et l’intime.

Ce qui frappe ce sont aussi ses couleurs éclatantes. Des couleurs tout droit venues des années 90’s et de ces chewing-gums que l’on se partageait à la sortie du collège, bonheur suranné. Les personnages se fondent dans cet océan de couleurs, leurs cheveux roses ne font qu’un avec le décor du même ton, la couleur les compose. Le rose est d’ailleurs sa couleur préférée. Et même si Xaviera reconnaît que c’est un peu ringard en tant que fille, elle ajoute : « Le rose est tout à la fois : chaud, joyeux, vif, mais aussi mystérieux et sexy ». La jeune artiste utilise avant tout des couleurs qui la rendent heureuse avec pour objectif ultime de transmettre ce bonheur à son public. Ses illustrations sont encore une fois la preuve de l’efficacité des couleurs sur le mental. Face à toute cette avalanche de teintes ultra pop et positives, on ne peut que sourire. Pari gagné. C’est dans son caractère, Xaviera veut regarder le monde de manière optimiste, regarder vers le futur. Mais elle est loin d’être naïve pour autant, et si elle se sert en fait de couleurs pop, c’est pour traiter de sujets plus difficiles : le féminisme, la discrimination, les problèmes environnementaux… Des années 90 elle reprend donc aussi l’attitude des femmes, « not giving a shit », coriaces. Elle souhaite par son art offrir une meilleure représentation de toutes les femmes, un éventail bien plus large que dans les magazine. On croise chez elle des femmes fortes, des femmes noires et d’autres souffrant de dépigmentation de la peau…

Si Hugo Devoucoux livrait sa version 2.0 de la Renaissance italienne, Xaviera, elle, revisite et poursuit le mouvement du pop art dont elle est si fan. Elle se dit très inspirée par Keith Haring dont on retrouve clairement l’usage des formes colorées chez Xaviera. Elle reprend surtout cette volonté du mouvement d’Andy Warhol, qui lui aussi représentait les femmes sur des aplats de couleurs, de produire un monde amusant, coloré et ludique, renforcé par un message sérieux. Les cigarettes de Xaviera écrasées dans une barquette de frites ne sont pas sans évoquer les œuvres de Claes Oldenburg, son cendrier géant ou son assiette de frites. Société de consommation, pollution… Les années passent, les messages restent.

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