Will Fm[USA]

  • Photographie & Cinéma

Chronique

Le 17.03.2020 par Juliette Mantelet

À la rédaction, on est tombées sous le charme des photos de Will Luo. Un peu floues, à l’image de nos souvenirs les plus beaux, mémorables mais souvent légèrement embués par le temps qui passe. Pas parfaites mais efficaces et sentimentales, à la manière de celles du photographe russe Sergey Neamoscou. Impossible de dérouler son feed sans ressentir une sorte de chaleur apaisante et excitante à la fois. Un souffle de vie et d’aventure. Un réconfort à replonger dans de doux souvenirs. Et puis on n’est pas sans être sous le charme de ces teintes. Encore et toujours celles des couchers de soleil que l’on aime tant et dont on ne semble jamais pouvoir se lasser. Sur son compte Instagram, on ne sait rien de lui. Si ce n’est qu’il s’appelle Will et qu’il vit à New York. Alors évidemment, ça a titillé notre curiosité et on a voulu en savoir un peu plus sur lui.

Will est un indécis, qui shoote les paysages, les gens, les concerts. Il aime la scène artistique vibrante de la City où les gens sont là pour poursuivre leurs rêves. Une capitale à l’énergie créative inspirante même si Will précise quand même que « ce n’est pas comme dans les films », qu’à New York on vit dans des « apparts de merde » et que les trains sont toujours en retard. Même si Will a déjà de la chance, il le sait. Depuis un an, il vit de son art. Ajoutant à son talent de photographe, des missions de graphismes pour des artistes musicaux. La musique, son autre grande passion dans la vie.

GEEK

La plupart de nos artistes ont toujours dessiné, photographié, peint… Depuis qu’ils sont tout petit. Ce qui est intéressant, c’est plutôt de comprendre par quel biais l’art est entré dans leur vie. Will, par exemple, faisait du « pixel art » et du graphisme dès l’âge de 10 ans, « avec une copie piratée de Photoshop CS2 ». Un gamin déjà porté sur le numérique. Il était aussi fan du collectif de hip-hop Odd Future, composé de Tyler, The Creator, Frank Ocean & co… Et c’est d’ailleurs inspiré par les photos jetables présentées par le groupe sur leur Tumblr, que Will s’achète son premier appareil. L’année dernière, il a passé 56 000 minutes sur Spotify.

IN THE MOOD

Aujourd’hui, sa pratique de la photo est toujours un peu geek. « Prendre la photo n’est que le début du processus » explique Will, qui peut passer des heures à retoucher un cliché. Il précise : « Je ne fais pas beaucoup de retouches sur le corps ou le visage des gens, mais je me déchaîne avec les couleurs ». Parce que la magie de notre monde n’est pas toujours facile à cerner au premier regard. On a besoin d’un Will pour l’éditer et le coloriser. Dans son monde à lui la retouche est primordiale… « De la même manière qu’un raton laveur lave sa nourriture avant de la manger, un photographe édite ses photos avant de les publier ». S’il retouche beaucoup, Will ne se soucie pas pour autant de la perfection technique. Il conserve les photos floues, les lumières saturées, qu’il trouve finalement « plus fidèles » que la perfection glaçante. C’est le flou autour de ce qu’il s’est passé dans les détails, où seul le sentiment ressenti compte. Et reste à jamais. Et puis de toute façon dans la vie, la perfection ça n’existe pas. Will préfère alors que ses images évoquent « une certaine humeur ». Comme celle des couchers de soleil sur l’océan Pacifique qu’offre la Californie, où il résidait avant. Comme ce coucher de soleil en particulier dont il souvient, qu’il a contemplé avec des amis, en campant sur une plage. Pour Will, une bonne photo peut vous emmener dans un autre monde. En route.

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