Valentine Reinhardt[FRA]

  • Photographie & Cinéma

Chronique

Le 16.12.2018 par JULIETTE MANTELET

Valentine est touche à tout. Elle refuse de choisir entre les différentes pratiques artistiques et enrichit son œuvre de ces mélanges : photographe, réalisatrice, illustratrice… Originaire de Biarritz, Valentine partage maintenant son temps entre Londres et Paris où le thème de la mer continue de l’inspirer énormément, et plus généralement, le rapport de l’homme à la nature. Ce thème, on ne peut plus actuel, qui traverse son œuvre de photographe, surréaliste et fantasque.

DAME NATURE

La nature prend vie dans les clichés de Valentine, l’homme s’y trouve mais caché, minuscule. Il faut parfois plisser un peu les yeux pour le distinguer face à cette profusion de fleurs et de fruits. Valentine représente toujours l’homme ou la femme avec le corps nu, peint en bleu ou en rose, imitant les couleurs des fleurs, des paysages. Ses photographies sont un appel à l’évasion en images, dans une nature apaisée, sublimée. Son travail photographique est doux, les couleurs sont léchées, harmonieuses, sans aucun heurt pour les yeux. Et surtout, dans ses clichés, l’humain semble avoir trouvé sa juste place dans l’univers végétal, il est un élément important mais pas fondamental. L’humain est présent sans s’imposer, sans déranger le calme naturel de cet Eden naturel foisonnant et magnifique

Valentine décrit son art comme « une célébration naïve des couleurs et de la nature ». Dans toutes ses compositions on retrouve Dame Nature, tantôt jungle, tantôt bord de mer apaisé, ou sous forme de nature luxuriante célébrant les sexes, les fruits et les fleurs tropicales. La jeune artiste aime imaginer des univers fantastiques, des mondes imaginaires plus joyeux et moins gris que le monde réel. Un monde somme toute coloré dans lequel l’Homme, la nature et les nus pourraient vivre en harmonie.

Son univers rêveur, Valentine le crée en images avec des compositions photographiques chargées dans lesquelles l’humain cohabite toujours avec un élément naturel. Sa pratique photographique ne lui sert pas à reproduire le réel, mais à inventer un quotidien plus apaisé et coloré. Dans ses compositions, le vide n’existe pas, la nature emplit tout l’espace, preuve de son importance. La photographie, comme chez Ella Bats, rejoint souvent l’illustration et la peinture. Une femme dont le portrait est réalisé à la caméra, surgit au milieu des feuillages tropicaux réalisés en illustration numérique,. Valentine joue avec des fonds colorés qui rappellent les aplats de la peinture et sur lesquels ses sujets photographiés se détachent. Elle aime jongler entre les pratiques et enrichir son travail grâce à des éléments de peinture, des ajouts numériques produisant un effet de contrastes et de décalages oniriques et absurdes encore plus forts. C’est un peu comme dans le Tahiti d’Eléonore Wismes, les ajouts d’aquarelle transforment un cliché de voyage en un paysage imaginaire. Ses références, elles aussi, sont issues du milieu pictural. Valentine se revendique à la fois du mouvement surréaliste et de la peinture classique italienne. Ses clichés de femmes au bord de l’eau rappellent de façon puissante et intelligente aussi bien une toile abstraite de Magritte, avec ses corps peints en rose, mais aussi la « Naissance de Vénus » de Botticelli avec cette position, le bras posé sur l’épaule. Impossible également de ne pas penser au maître du genre le Douanier Rousseau quand on contemple ses jungles foisonnantes ou encore au célèbre peintre italien Arcimboldo et ses compositions mêlant fleurs, fruits et corps humain.

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