Thylacine

  • Musique

Interview

Le 08.07.2014 par TAFMAG

« L’électro, je ne l’ai pas découverte en tant que spectateur, je l’ai découverte en tant que compositeur. »

Thylacine The Arts Factory Magazine musique

Thylacine c’est de la pure musique électronique. Pourtant, le jeune angevin fait depuis toujours du saxophone dans le registre classique. Il a rejoint un orchestre, puis il a fait parti d’un groupe avant de vouloir se lancer tout seul dans quelque chose de complètement différent. William a découvert l’électro en décidant de faire sa propre musique, et ça s’entend. Un son Electronica pour lequel on se laisse volontiers emporter au gré des rythmes qu’il propose.

C’est ça, la musique de Thylacine : un mariage d’opposés ; des beats doux et percutants qui se chevauchent ; des petits sons fantasques et envoûtants et la douce voix de Camille Després, sa complice sur certains morceaux. William parvient à lier de multiples influences, comme Massive Attack, Paul Kalkbrenner, Four Tet ou encore Apparat dans un son d’une justesse, d’une maîtrise et d’une qualité indéniables.

 

Il n’a que 21 ans et pourtant ça fait déjà longtemps que William compose. C’est en arrivant au Beaux-Arts d’Angers qu’il a « basculé » en s’achetant des petites machines et en tâtonnant tout seul dans son coin. « J’avais ça en moi depuis tout petit ». « Ça », la musique, la composition. S’enfermer « des plombs » et tapoter sur ses « petites machines », comme il appelle ses pad et autres MPC. « L’électro, je ne l’ai pas découverte en tant que spectateur, je l’ai découverte en tant que compositeur », raconte William.

Au delà de la musique, William adhère peu à sa solitude sur scène. « J’avais envie que quelque chose se passe », dit-il en parlant de l’idée habituelle que l’on a de la musique en groupe. Laëtitia le rejoint pour une résidence au Chabada à Angers. De là, elle travaille sur des visuels qui puissent retranscrire la musique de Thylacine. « Elle me suit, rien n’est programmé », précise William.

On a eu la chance de le voir se produire à la soirée LE LABO, organisée par Ricard et le Laboratoire de Curiosités. C’est là qu’on s’est dit qu’il y avait assurément une perle angevine sur scène devant nous. On a tout de suite compris qu’il allait compter dans le paysage électronique français à venir.

Ce n’est pas qu’écouter un Dj se produire, c’est voir la magie de la création musicale électronique. MPC accroché au cou, « samples » de saxo en direct, William se lance grâce à des morceaux préenregistrés dans de la création qu’il peut adapter à son public. Il ne pense qu’à la performance live, fait et défait les beats au rythme de la foule dansante. Si le public en veut plus, il donnera plus et poussera son morceau dans ses limites. Toujours accompagné de Laëtitia qui anime avec brio et une certaine complicité ses sets.

 

 

La scène électro émerge actuellement grâce aux nouvelles technologies dont fait partie Internet. Thylacine l’admet, il en est un exemple tout comme le sont Fakear (voir notre article ici), Superpoze ou encore Dream Koala : « je viens d’Angers, je n’ai aucune connaissance dans la musique ». Il a simplement « balancé des musique » sur internet, puis s’est adapté à l’engouement qu’elles ont suscitées. C’est grâce au 2.0 qu’il a reçue une surprenante et rapide reconnaissance au-delà des frontières françaises.

Thylacine a du reste enregistré un morceau avec la chanteuse new yorkaise, Dylan Nichols, qu’il n’a jamais rencontrée ! « Les choses géniales que l’on peut faire en ce moment… », dit William en suspens. Des ponts à créer, au travers les océans et au delà des frontières digitales. Et en même temps, William évoque les rapports plus directs, avec ceux qui se retrouvent dans sa musique, qu’importent leur langue ou leur culture.

 

Ce qui compte assurément, c’est l’entourage. Thylacine compose différemment qu’il soit à Angers ou à Paris, tant il est inspiré par ce qui l’entoure. Il se prépare à pousser jusqu’à Vladivostok car William a l’ambitieux projet de composer dans le Transsibérien, afin de « s’inspirer et s’influencer des paysages ».

Le rapport entre musique et visuel, c’est le sujet de prédilection de William aux Beaux Arts. Elève à l’évidence assidu, le jeune musicien a travaillé sur des codes que peuvent retranscrire les visuels – tels que les tableaux – en musique. Le tout donne une composition musicale liée à l’architecture du Centre Pompidou, rythmée sur les couleurs et les courbes futuristes du musée.

Thylacine n’est pas seulement un musicien. C’est également un loup de Tasmanie aujourd’hui disparu. « C’est un mot qui ne servait plus à rien, je voulais le réutiliser. » Redonner vie à un mot de la langue française, y ajouter du rythme. Presque comme de la poésie où la musique flotte en suspens sur les mots. William, Thylacine et le loup de l’électro ne font désormais plus qu’un.

Crédit photos : © Romain Rivière

Facebook : https://www.facebook.com/thylacine.w/

Site : http://www.thylacinemusic.com/

Envie de créer un projet avec cet artiste ?
Contactez-nous