César Ancelle-Hansen[FRA]

  • Photographie & Cinéma

Interview

Le 23.08.2017 par Pauline Guillonneau

La photographie « soleil-bonheur-chaleur » de César Ancelle-Hansen

Article du 23 août 2017 par Pauline Guillonneau

Biarritz est un gros hub du surf pour avoir été la ville pionnière des surfeurs, français comme étrangers depuis les années 1950. On s’attend alors à voir le surf se décliner partout, à toutes les sauces. Le photographe César Ancelle-Hansen en a une approche exotique. Venu du grand Nord – Lille – après ses études de médecine, il vit désormais à Biarritz où il vient de sortir un premier livre de photographie, Le beau livre de l’été, publié chez Atlantica. Rencontre téléphonique depuis Biarritz.

L’INTERVIEW BY TAFMAG

« la photographie me permet de m’arrêter sur des moments, des situations, de faire pause quand j’en ai envie ».

Tu as découvert le surf et Biarritz adolescent. Qu’est-ce qui t’a attiré ici, depuis ton Nord natal ?

Ça s’est fait par hasard. Mon père m’amenait en vacances en Corse et un matin en me levant, il y avait de la houle avec des conditions de surf idéales. Ça a été une révélation, une grosse claque. De voir les vagues, l’écume, la lumière… Ça m’a ébloui. À l’époque, j’avais 14 ans.

De retour à Lille, je vivais le surf par procuration. Il y avait une seule librairie où on vendait des magazines de surf. J’y allais lire, regarder les photographies. Finalement j’ai fait médecine et je me suis rapproché de la Côte Basque. Ça fait 16 ans.

Tu as deux métiers-passions très différents, médecin urgentiste et photographe. Est-ce que ces deux branches se mêlent parfois ?

J’ai toujours été obsédé par le temps qui passe – ça va pas en s’arrangeant ! – et dans le métier d’urgentiste, tu ne peux pas te mettre sur pause : les choses s’accélèrent vite, parfois trop. Alors à côté, la photographie me permet de m’arrêter sur des moments, des situations, de faire pause quand j’en ai envie. Sans faire de psychologie de comptoir, la photographie pour moi, ça a clairement un côté thérapeutique.

« Pour moi le surf, c’est les gouttes d’eau qui coulent sur ton corps, la chaleur sur tes pommettes, la sensation de marcher sur la flotte, les lignes de houles qui arrivent au loin…»

LE SURF A FAIT SON GRAND RETOUR il y a quelques années, les photographes ont suivi le mood et on a tous en tête des noms d’artistes qui surfent sur lA TENDANCE. Tu as une approche qui sort du lot. Comment appréhendes-tu la mer et ses planches ?

Forcément, je suis certaines compétitions ; j’adore les surfeurs de compet, j’aime bien le côté mode du surf. Mais au-delà de ça, pour moi le surf, c’est vraiment un rythme de vie, une façon de vivre. Ce qui entoure le surf, c’est une liberté totale, le bonheur pur. Je suis tellement bien dans ce milieu. J’essaye de capturer cette joie, ce bonheur qui émane du surf. Et ça dépasse le côté technique, l’image rebelle du surf. Pour moi le surf, c’est les gouttes d’eau qui coulent sur ton corps, la chaleur sur tes pommettes, la sensation de marcher sur la flotte, les lignes de houles qui arrivent au loin… Il y a une magie indéniable dans ce milieu.

Ta photographie, très texturale et éthérée me fait penser aux photographes Edward Weston et Max Dupain. Qui sont tes mentors photographies, toi qui est autodidacte ?

Il y en a tellement ! William Eggleston, Joel Meyerowitz. Bernard Plossu, Stephen Shore, Martin Parr, la base… Mais il ne se passe pas une semaine sans que je découvre le travail d’un photographe. C’est frustrant d’ailleurs parce que tu peux pas aller au bout de l’ensemble de leurs œuvres ; on pourrait passer des journées à potasser. Mais bon, sinon, tu photographies plus. Il y a Instagram aussi, ça montre des influences, ça donne des idées, ça te pousse un peu à te surpasser.

« la plage, c’est le seul espace de liberté qu’il reste dans le monde. »

Ça t’évoque quoi, Biarritz, l’été ?

L’été, tous les modèles viennent à moi. Ils ne s’en rendent pas compte, mais je me régale ! À Biarritz l’été, il y a une effervescence que j’adore, avec tous ces gens qui veulent croquer leurs deux-trois semaines de congés, qui se lâchent complètement. Il y a une liberté totale sur la plage. Les lumières estivales te permettent de photographier jusqu’à 23h sans problème. Puis il y a tellement de monde que t’es noyé dans la masse. Je mets une casquette, mes lunettes et je pars photographier comme un touriste.

Et puis il y a quelque chose d’intrinsèque à la plage : quand on y réfléchit, la plage, c’est le seul espace de liberté qu’il reste dans le monde. Que ton voisin de serviette soit PDG ou balayeur, ça ne change rien. On est tous libres et égaux.

Et en bonus, peux-tu nous parler d’une de tes photos ?

Je suis parti à Rio il y a un an. Et je suis resté quelques jours sur Ipanema, autour du Poste 9. Tout le monde m’avait prévenu que les plages de Rio étaient incroyables. Mais là, j’en ai vraiment pris plein la gueule. Ça déborde d’énergie ; les brésiliens sont tellement libérés, avec leur silhouette leur attitude. Sur la plage, il y a de la musique partout ; ça transpire, ça court, ça se baigne. Et quand le soleil se couche derrière les montagnes, pour un photographe, c’est Disneyland, quoi ! Et  franchement, là, pour louper une photographie, faut avoir été amputé des deux mains. Je veux photographier le bonheur, le soleil, la chaleur. Et là, clairement, on y était.

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