Sarah Witt[FRA]

  • Photographie & Cinéma

Interview

Le 20.04.2021 par Julie Leminor

Journal de bord de Sarah Witt

La lumineuse Sarah Witt a su se fier à son instinct et à son talent pour dédier sa vie à la photographie. Rencontre avec une portraitiste dans l’âme, une photographe humaniste qui rêve de capturer les confins du monde.

Cela fait maintenant près d’un an que Sarah Witt a franchi le rubicon en décidant de se consacrer entièrement à sa véritable passion, la photographie. Après avoir suivi des études à Sciences Po Lyon, Sarah comprend rapidement qu’elle ne suivra pas la voie rêvée de ses camarades. Son rêve à elle, c’est voyager. S’évader. Le frisson de l’inconnu, la rencontre du hasard, c’est sa destinée. Tout débute justement par un voyage. Plusieurs, en réalité. L’été, durant ses études, Sarah s’improvise hôtesse de l’air à bord de vols Air France longs courriers. En quelques jours, Sarah atterrit à Bamako ou Pékin. Elle ressent une véritable fascination pour ce qu’elle voit et découvre. « J’ai commencé à vouloir tout photographier. Je voyais trop de choses, je voulais me souvenir de tout. J’avais envie de ramener ces atmosphères avec moi et dès que l’on arrivait en escale, je me mettais à tout shooter ».

homme agé vêtu de blanc avec une moustache grisonnante, assis devant un mur

De retour à Paris, où Sarah s’installe après ses études, la jeune femme s’octroie des parenthèses dans son travail pour poursuivre ses voyages. Son appétit d’ailleurs ne la quitte jamais. Toujours armé de son fidèle appareil photo, elle réalise un premier tour du monde en duo, et quand elle ne voyage pas, Sarah apprend la photographie lors de cours du soir. Deux fois par semaine, de 18h à 23h, au Centre Jean Verdier, dans le 10e arrondissement. « C’était génial, on suivait les cours de photographes passionnés avec qui on passait des heures dans le labo ». Elle y poursuit son apprentissage, l’œil toujours aux aguets. Puis en 2019, première consécration. La galerie Poltred, la Maison de la photographie à Lyon, lui propose de la représenter. « Cela m’a vraiment fait décoller. J’avais un agent qui était chargé de vendre mes œuvres et d’organiser les expositions. J’ai vraiment pu passer un step grâce à cette galerie ».

la tête emplie de souvenirs, les bras chargés de pellicules.

L’année 2020 de Sarah ne ressemble certainement à aucune autre. Alors que le monde est chaos, en PLS sur son canapé, La jeune fille rejoint une première fois sa sœur sur une île des Philippines début 2019 puis une seconde fois l’année suivante. Les deux filles ont hérité du goût de l’aventure de leurs parents, véritables globe-trotteurs. Là-bas, Sarah photographie la vie locale et la surf-life. Elle documente tout et revient la tête emplie de souvenirs, les bras chargés de pellicules. Quelques mois plus tard, en juillet, l’exposition La Vague lui est consacrée à Lyon et à Biarritz sur le thème du surf. Le succès est immédiat. « Il y a eu un véritable engouement autour de cette exposition. De nombreuses personnes sont venues me voir en me proposant de nouvelles collaborations. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de quitter mon ancien poste pour me consacrer entièrement à la photographie afin d’en faire mon métier ».

photo d'un côte avec un surfeur sur une vague

Parallèlement, Sarah s’installe à Biarritz. Elle qui avait toujours eu envie de vivre à l’étranger, elle découvre un nouveau mode de vie serein, pieds nus, au soleil. « C’est le seul endroit en France où j’ai l’impression d’être ailleurs, comme en vacances, avec toujours ce petit frisson d’aventure. C’est un lieu où je me sens moi-même ». La jeune lyonnaise découvre la wild life, le surf, les potes, le kiff. Elle commence à shooter les surfeurs, les surfeuses surtout, fascinée par leur corps, leurs courbes et leur groove au fil des flots. Armée de ses palmes et de son fidèle argentique, elle suit ces naïades des temps modernes qui se jettent à l’eau du matin au soir, du soir au matin, sans jamais perdre leur fougue, leur vibe ni leur smile. Le thème de la photo sous l’eau devient une véritable passion qui constitue aujourd’hui près de la moitié de ses commandes. Depuis son arrivée dans la cité biarrote, Sarah travaille en tant que photographe freelance et collabore régulièrement avec de grandes marques de sport, de surf et de lifestyle.

« j’ai vraiment envie de réaliser des photos engagées et utiles »

Le voyage, c’est le véritable leitmotiv de la créativité de Sarah. Au fil de ses périples et aventures, la jeune photographe est parvenue à capturer une myriade d’images, de visages et de récits. Une myriade d’histoires qu’elle se raconte encore dans sa tête grâce à ces reliques qu’elle garde précieusement. Parfois, le danger fait aussi partie du voyage. En Inde notamment, Sarah a dû parfois s’armer de courage. « Mais c’est aussi ce frisson, cette zone de danger qui m’excite. J’aime avoir l’impression de devoir rester vigilante à tout instant ». Aujourd’hui, c’est un nouveau rêve qui la guide, le photoreportage. Depuis quelques semaines, Sarah suit une formation avec le studio Hans Lucas. En mai, elle partira un mois faire un reportage en Guadeloupe sur la chlordécone, un pesticide qui a empoisonné les Antilles, engendrant de nombreuses maladies et malformations. « Je vais réaliser une série de photographies de famille guadeloupéenne gravement touchée et récolter leurs témoignages ». Parallèlement, elle réalise un autre reportage sur un apnéiste qui plonge sur la côte basque pour dépolluer les fonds marins. « Maintenant, j’ai vraiment envie de réaliser des photos engagées et utiles. Après ma formation de grand reporter, j’aurai une accréditation pour faire des documentaires à l’étranger et couvrir des zones de conflit. C’est vraiment le voyage qui me fait vibrer et j’aimerais y ajouter une part d’engagement ».

Des côtes biarrotes au soleil guadeloupéen, du bout du monde des Philippines jusqu’à l’Inde des temps modernes, la jeune photographe poursuit donc sa route avec toujours cette même ferveur, ce regard humble et troublant, ce sourire éclatant. Une incarnation de la passion et du bonheur comme on en trouve trop rarement.

Alors, prêt à changer de vie ? La réponse est : oui.

Deux hommes agés autour d'une barque en train de défaire un filet de peche homme agé assis devant une mur de bois, portant un chapeau et fumant un cigarebarques colorés accostés le long d'une rive recouverte de palmiersphoto d'un maillot de fesses ensablée portant un maillot de bain jaunePirogue jaune posée sur le sable en bord de mer sous un palmier

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