Sarah Maxwell[USA]

  • Illustration

Chronique

Le 13.05.2019 par JULIETTE MANTELET

Sarah est une illustratrice américaine, originaire d’Austin au Texas. Elle a vécu à Paris pendant 6 ans, ville qui l’a aidée à trouver sa liberté artistique, et souhaite désormais s’installer à Londres. Sarah se revendique comme une illustratrice queer et engagée. Certes, elle aborde l’amour tendre dans des dessins proches de la bande-dessinée avec cases et bulles dans des tonalités pastel, mais ce qu’elle veut surtout, c’est donner une place dans l’art à l’amour homosexuel pour le démocratiser.

SOCIAL POWER

Pour bien comprendre l’art de Sarah, il faut connaître son histoire. Sarah a grandi dans une petite ville des Etats-Unis, au Texas. Là-bas et, à cette époque, elle était la seule petite fille à se revendiquer comme queer et se sentait très souvent seule et isolée. Elle raconte que des séries comme « The L World » lui donnaient espoir. « Je rêvais d’avoir un gang de filles queer avec qui sortir et mener une vie heureuse », décrit l’artiste. Mais pendant son enfance, il n’existait encore presque rien dans l’art, la littérature ou les médias sur le fait d’être une femme homosexuelle. Sarah a donc profondément ressenti ce manque de visibilité envers cette communauté. C’est à ce moment-là qu’elle s’est lancée dans l’art, suivant le conseil d’un de ses professeurs lui ayant recommandé de traiter en illustration des sujets personnels, et ajoutant que c’est ainsi qu’elle trouverait sa voie artistique. Sarah a donc décidé de parler ouvertement du fait d’être une femme queer, dans son art comme sur les réseaux sociaux, où la jeune femme mêle sans timidité dessins inventés et photos d’elle et sa compagne. Elle le fait  pour combler ce manque de visibilité et de représentation de l’amour queer et surtout permettre à d’autres petites filles de ne pas se sentir aussi seule qu’elle en grandissant. « J’ai pensé que si personne ne le créait, au moins moi, je le pouvais », explique-t-elle. Elle rajoute que pour elle, au moment où elle s’est lancée, il y avait un vrai besoin d’un art queer, et surtout d’un art queer pensé par des femmes et non par des hommes le sexualisant à tout prix. Ce dernier s’est beaucoup développé depuis, dans un grand mouvement général de visibilité, encouragé majoritairement par les réseaux sociaux et le concept de communautés. Sarah voit sa génération comme la « génération pivot » ayant permis de changer les choses et de les rendre plus faciles pour celles à venir.

QUEER LOVE

L’art de Sarah est donc un art engagé, porteur d’un message fort et animé d’une envie de faire tomber les tabous. Dans cet objectif, Sarah avait besoin d’une forme efficace et claire. C’est pour cela qu’elle a choisi de se rapprocher dans ses dessins de l’art de la bande-dessinée, proposant ainsi aux lecteurs des petites scènes de la vie, déclinées avec des cases et des bulles pour aller plus loin, montrer différentes facettes de l’amour et surtout transmettre ses idées sans détour. Chez Sarah, on reste toujours dans la tendresse, le rose pastel domine largement son univers. Les femmes déploient des corps rose bébé dans chacune des illustrations. Sarah explique que les pastels lui permettent d’exprimer des contrastes d’émotions contradictoires, de créer des scènes bien roses et heureuses et d’autres plus sombres en comparaison. Elle veut imaginer une expérience « brumeuse », ressemblant à l’amour avec ses hauts et ses bas, à la quête tourmentée de sa sexualité en tant que jeune fille… Elle ajoute avoir grandi avec les dessins animés des années 80 et 90, surchargés de ses couleurs, bleu clair, rose pastel… Ces derniers ont beaucoup influencé son art et son esthétique.

Dans les thèmes, Sarah aborde donc frontalement la sexualité queer. Le sexe féminin est souvent représenté dans ses dessins par des métaphores : les roses, le cactus entrouvert… Sarah veut avant tout montrer que l’amour queer est bien réel, qu’il est normal et devrait être représenté. Elle le fait en le banalisant à travers des scènes du quotidien amoureux et des émotions que tous les couples, homosexuels ou hétérosexuels partagent, pour gommer les différences. Ainsi, elle évoque plus généralement l’amour 2.0, les relations amoureuses à l’époque d’Instagram, Facebook… Elle parle aussi du manque, de l’absence, de la jalousie causée par les téléphones et même de l’amour avec un robot… Elle évoque le désir et la sexualité avec des phrases et dessins explicites, rappelant avec fermeté qu’il faut parler du sexe ouvertement en société et surtout éclater les tabous en tout genre.

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