Rosie Harbottle[GBR]

  • Illustration

Chronique

Le 16.04.2021 par JULIETTE MANTELET

En avril, on s’évade avec notre dossier dédié au voyage. Et aujourd’hui direction l’Orient avec son soleil, ses palmiers et ses couleurs au travers des illustrations envoutées de Rosie Harbottle.

Article de Juliette Mantelet, initialement publié le 09.12.2018


Rosie est une jeune illustratrice anglaise installée dans la région du Devon. Pourtant, ce n’est pas la campagne anglaise qui l’inspire mais plutôt le Maroc, peuplé de chameaux et de palmiers, cet ailleurs oriental et exotique qui habite ses dessins de sa chaleur et de ses couleurs, son déclic artistique. À l’aide de son trait fin et de sa palette de teintes infinie, Rosie invite dans une parenthèse enchantée qui donne des envies d’aventure.

VOYAGER POUR MIEUX DESSINER

Rosie est une dessinatrice de l’ailleurs. Le voyage, le mode de vie bohème constituent ses principales sources d’inspiration. Alors que nous plongeons dans le cœur de l’hiver, que nous affrontons le froid et une situation politique tendue, ses illustrations offrent une véritable échappée belle. En un regard, ses scènes nous emmènent vers des territoires lointains plus colorés, plus tendres et qui semblent particulièrement apaisés. Rosie propose une vision plus ensoleillée, plus positive de la vie. Elle poursuit cette tradition de l’art du voyage, à la manière d’un Gauguin à Tahiti. Son amour à elle, c’est le Maroc où elle se rend régulièrement pour travailler avec Boutique Souk, une boîte qui organise des mariages et des événements sur place. Au fil de ses voyages, Rosie est tombée amoureuse du Maroc, de ses sons, de ses lumières, de ses couleurs uniques, de son architecture et surtout de ses chameaux. Tant d’éléments propices à l’illustration et qui ont inspirés tant d’artistes, notamment Yves Saint Laurent qui disait : « Lorsque je découvris le Maroc, je compris que mon propre chromatisme était celui des zelliges, des zouacs, des djellabas et des caftans. Les audaces qui sont depuis les miennes, je les dois à ce pays ». Rosie, elle aussi, retranscrit ces éléments dans ses illustrations à l’aide de ses pinceaux et de son aquarelle. Elle nous rappelle Angela McKay et ses carnets de voyages aux teintes multiples de bleu ou Roeqiya Fris et son univers orientalisant. On retrouve chez Rosie ce même sentiment d’évasion, cette même végétation luxuriante et surtout ce même fourmillement, dans des dessins où rien n’est laissé vide du ciel à la terre ou du sol au plafond, chaque espace est pensé, travaillé.

La jeune anglaise s’intéresse en effet beaucoup aux motifs, qui ont toujours bercés son enfance. Sa mère était une artiste textile qui possédait une vaste collection de tissus, pleins de couleurs et de motifs variés, qui peuplaient la maison de Rosie et qui viennent désormais habiller ses dessins. C’est d’ailleurs sûrement ce qui lui plaît tant au Maroc, cette explosion de motifs dans les habits des femmes, dans les tissus et ces carreaux Zellige décorant les intérieurs. Ses motifs, l’illustratrice les représente de manière très géométrique. Elle décline des dizaines de petits losanges de couleurs répétés, qui viennent apporter de la couleur, embellir l’espace et ajouter une touche d’exotisme sur les tapis et le sol des Riads…

Rosie réalise ses illustrations à la gouache et à l’aquarelle, ce qui crée immédiatement un style plus déclicat, plus subtil qui correspond parfaitement à l’univers qu’elle représente. Rien n’est tranché, tout est en nuances. Cet outil colle à son monde illustré, il lui permet de dessiner des scènes colorées, aux nuances infinies et à la douceur apaisante. L’aquarelle s’adapte très bien au Maroc, où les couleurs, notamment celles des Zouk sont inépuisables. La jeune femme choisit pour chacun de ses dessins une gamme de couleurs bien précise, et grâce à l’utilisation de l’aquarelle, elle décline ensuite ses teintes de base en des dizaines d’autres teintes secondaires plus ou moins intenses, créant ainsi des œuvres en camaïeu, superbes. Le « Jardin Majorelle » est peut-être l’illustration qui le synthétise le mieux. Rosie y fait le choix du vert, du bleu et du jaune pour reproduire ce lieu mythique mais, grâce à l’aquarelle, les teintes se démultiplient selon la dilution de la couleur. Le bleu prend alors des visages très variés allant du vert d’eau jusqu’au bleu nuit profond, le jaune ondule du jaune orangé au jaune citron. Ce sont les couleurs et leurs multiples facettes qui donnent à cette scène, sinon simple reproduction d’un lieu, toute sa beauté. Le style tout en nuances de Rosie produit une véritable thérapie sur notre esprit. Elle voyage à travers ses illustrations et nous fait à notre tour voyager, pas uniquement au Maroc, mais dans un ailleurs plus doux, subtil et plein de profondeur où l’on s’arrêterait bien un long moment.

Envie de créer un projet avec cet artiste ?
Contactez-nous