Pierre Rioufol[FRA]

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Interview

Le 16.01.2020 par Juliette Mantelet

Vous avez peut-être déjà vu ses blousons sur le dos de stars internationales comme Kid Cudi ou Lana Del Rey, pour ne citer qu’eux. Ou portés par les artistes français émergents comme Kazy Lambist. Ou alors, vous avez peut-être déjà vu et entendu Pierre Rioufol sur scène ? À Cabourg mon Amour ou à Biarritz l’été dernier, accompagné de son groupe Poudre Noire. Pierre est un caméléon, il fait tout à la fois et sur des supports multiples. C’est le monde de tous les possibles. Plongeon dans son « identité visuelle » entre rock, ciel rose et gros nuages.

J’VEUX TON CUIR

Comme souvent, tout a commencé par hasard. Un jour, Pierre s’est lancé le challenge pas banal de fabriquer une robe pour sa petite amie de l’époque, alors qu’ils se rendaient à une fête. Un jeu, « très marrant » qu’il a repris plusieurs fois. Après la robe, le blouson. Pierre découpe un dessous de table en bulgomme, attiré par la matière, et en fait un perfecto. Tout le monde est fan. Alors il se dit : « Je vais faire ça. Je vais faire des blousons ».

La matière, c’est ce qui habite son travail. Des bagues aux tapis en passant par les perfectos et les pulls. À côté de ses « blousons-vêtements » en empiècements de cuir, Pierre réalise des « blousons œuvres », qu’il expose. Un blouson en dessous de table, un en Chesterfield façon canapé club, un autre comme une peau tatouée.

DES TABLEAUX DANS LE DOS

Un éclair, une flamme, un coucher de soleil. Les symboles qui peuplent l’univers de Pierre sont assez élémentaires. C’est grâce au cuir et à cet effet de collage cousu qu’il a trouvé ce qu’il appelle « sa signature ». Mais la simplicité reste toujours sa marque de fabrique. Pour travailler le cuir, Pierre découpe des empiècements qui doivent avoir une certaine taille minimum et ne peut pas utiliser plus de trois couleurs, toujours très pop : jaune, bleu, rose explosif. « On doit enlever des détails, arrondir des angles », explique-t-il. La matière lui a donc imposé ce style minimaliste, simplifié, doux. « Faussement naïf ». Qui fait du bien. Et surtout reconnaissable en un clin d’œil. « Un gros nuage dans un ciel rose c’est très agréable à contempler », dit l’artiste qui veut s’opposer à la mode des années 2000, très black  « Quand tu portes de la couleur, tu passes de meilleures journées. Ça change la vie et ça rend vachement plus heureux. ».

Ses blousons de cuir sont comme « tableaux qui se portent ». Logiquement, Pierre s’est donc mis aussi à réaliser des toiles avec de la résine et du cuir et à faire des expos. Aujourd’hui, il s’essaye à un nouveau support : le tapis. En laine et avec de grands aplats de couleurs, il reproduit en tapisserie les éléments clefs de son univers. Décalé. Pierre bosse aussi sur des pochettes de disque et du merchandising pour son groupe Poudre Noire, évidemment, mais aussi pour Macadam Crocodile. « La pochette de notre disque, je sais très bien qu’elle va être vite trouvée » s’amuse-t-il déjà.

TOUT POUR LA MUSIQUE

Si Pierre a choisi d’habiller les musiciens, c’est avant tout par amour profond pour le milieu musical. « Les gens qui en font partie me plaisent ». Il adore La Femme, Feu ! Chatterton ou encore Oracle Sisters. « Quand on joue avec Poudre Noire, on se refile des plans, on prévoit des concerts ensemble, on s’entraide ». À l’image du groupe La Femme qui les a invités à jouer à Biarritz deux années de suite. « Ce n’est pas chacun pour sa gueule ». Pierre fabrique des vêtements de scène ou pour des clips. Pour donner une autre dimension aux vêtements, leur permettre de gagner une intemporalité au royaume de l’éphémère. « Peut-être que dans 20 ou 30 ans, je me dirai en regardant le clip de Kazy Lambist, ‘tiens à l’époque de cette musique le style vestimentaire, c’était ça’ ». Mais si Pierre évolue plutôt dans le milieu indé, il rêve secrètement d’habiller une vraie pop star comme Britney Spears. Ooh La La.

© Guilhem de Castelbajac

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