Charline Mignot[CHE]

  • Photographie & Cinéma

Interview

Le 19.12.2016 par Céline Cossez

Son premier amour c’est la photographie mais, en chemin, Charline Mignot s’acoquine avec le label Profil de Face et dévoile Vendredi sur Mer : un projet musical coloré et mélancolique ; sensuel et mystérieux que l’on a sélectionné dans notre concept-book, Banana Split : les 50 artistes qui ont la banane (2015). Mais c’est de la photographie de Charline dont on a voulu vous parler ici.

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Fast-foreward et engrenage musical

Naissance il y a 21 ans, à Genève. Avance rapide jusqu’à son arrivée à Lyon pour ses études. La photographie est une passion depuis longtemps mais l’idée de faire une école ne l’attire pas. « J’avais peur que ça finisse par me frustrer », avoue Charline, « et puis je me disais que si j’envisageais une école, il fallait que ça soit à Paris. » Elle entame donc des études de lettres sans trop y croire et commence doucement à s’exposer à Lyon.

À l’occasion d’un shooting-photo, elle écrit une chanson qu’elle veut voir associée à la série en cours de réalisation. Cette composition sera diffusée lors d’une petite exposition à laquelle Paul Andrieux — co-fondateur du label Profil de Face — se rendra. Touché par la musique, il lui propose de la signer sur son label en voie de création. « Au début, je ne comprends rien à ce qu’il me raconte », rigole Charline, « EP, promo, compo, que des mots inconnus pour moi ! » Cette rencontre marquera le début de leur amitié, d’un projet musical et d’un déménagement à Paris pour suivre des cours de photographie. Comme un mécanisme fait de poulies et d’engrenages, les deux domaines semblent s’entraîner l’un à l’autre.

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Vient ensuite l’approche photographique

Depuis son arrivée dans la capitale, le parcours photographique de Charline connaît une évolution intéressante qui pourrait être comparé à celui de Charlotte Abramow >dont on parlait ici. Au début, c’est la mode qui l’intéresse, un peu par facilité. « Je me nourrissais de belles photos et je voulais faire la même chose », raconte l’apprentie photographe. Ces premières séries se composent de portraits de jeunes femmes où les vêtements mettent en valeur la beauté du modèle ou l’esthétique, celle du décor. Petit à petit, son apprentissage à l’école de photo fait évoluer son approche du sujet ou de sa mise en scène.

Charline intellectualise sa scénographie, son jeu de lumière et son esthétisme afin d’aborder des thèmes plus personnels mais aussi plus politiques. Dans Ringard 3000, son modèle est une femme, dans Le genre idéal, c’est un homme qui porte un soutien-gorge et des faux cils. « Je pense que mon stylisme (dans le sens du choix vestimentaire, ndlr) conforte mes idées, mais il n’est pas prédominant », explique Charline. « Chez moi, le vêtement se fond dans la mise en scène. Comme dans Ringard 3000, le vêtement vient confirmer le préjugé du spectateur sur ce qu’il voit. »

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Aujourd’hui, les questions de genre sont au cœur de ses réflexions. L’apparence régit le processus visant à assigner une catégorie sexuelle. Or, si le vêtement est souvent blâmé pour sa tendance à enfermer les corps et les genres dans des codes prédéfinis, il peut aussi être utilisé pour semer le doute. En s’affranchissant de l’apparence, on peut considérer son interlocuteur comme un être humain en dehors de toute question de genre. Pour la jeune femme, c’est aussi le moyen de parler de féminisme et d’égalité des sexes : « Utiliser la photo est le meilleur moyen que j’ai trouvé ; j’ai envie d’en parler dans ma musique mais c’est compliqué d’éviter les clichés. »

 

Une multitude d’idées et d’envies qui nécessitent en effet de la réflexion pour être pertinente. Pour le moment, Charline termine ses études de photo et son premier EP qui comportera 5 pistes et un clip pour La femme à la peau bleue. Après tout ça, elle souhaiterait monter un projet de photographe/graphiste indépendante. Et dans 10 ans ? Pourquoi pas monter son propre magazine arty-culturel. Enfin, si la musique ne la propulse pas avant sur le devant de la scène.

 

Photographie Charline Mignot © Léa Gouzy

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