Angélique Stehli[FRA]

  • Photographie & Cinéma

Interview

Le 12.06.2018 par Juliette Mantelet

Angélique Stehli : la photographie couleur

C’est pour « raconter des histoires » qu’Angélique Stehli s’est mise à la photographie. La jeune artiste qui a vécu à San Francisco, à Paris et en Suisse est en effet particulièrement douée pour créer des ambiances marquantes à partir de trois fois rien. Elle captive son public en photographiant en vrac des éléments ordinaires mais ayant tous en commun de posséder des textures travaillées et originales qu’elle accentue dans des mises en scène soignées où la couleur est reine.

L’art & la matière

Nous avons découvert le travail d’Angélique lors du Festival Circulation(s). Elle y présentait sa série « Pink Cells », un reportage réalisé dans des prisons suisses, où certaines cellules sont peintes dans un ton particulier de rose, censé calmer les prisonniers.

Si cette série diffère du reste du travail de la photographe par son côté très documentaire, elle révèle déjà sa capacité extraordinaire à construire des atmosphères. Quelques murs de prison rose immortalisés de manière très géométrique, un cadre dénué de vie et l’on s’interroge déjà sur le pourquoi et le comment de ces cellules. On veut en savoir plus, la curiosité s’éveille. On est transporté et la couleur, seul sujet véritable des images, agit immédiatement sur nous. On est en contact direct avec la teinte rose des murs, rien d’autre ne vient nous déranger dans cette contemplation.

Après le rose des cellules, arrive dans ses autres séries le vert d’une pelouse ou de la tige d’une fleur, le bleu pâle d’un ciel ou métallisé d’un rouge à lèvre. Les images d’Angélique se lient entre elles par des codes couleurs qui se retrouvent et les traversent, leur donnant ainsi une forme d’unité. Ses photos se lisent avant tout par leur couleur principale, toujours assez pop, qui prend le spectateur. Elle utilise notamment beaucoup de fonds lisses aux teintes vives. Un peu à l’image de cette expérimentation sur la couleur rose dans les prisons, Angélique semble vouloir faire ressentir à son public le pouvoir de chaque couleur sur son état à travers ses clichés.

Tout semble pouvoir devenir le sujet d’une photographie pour l’artiste. Des lèvres autant qu’une fleur, une sucette comme un déodorant. Le sujet des clichés, au-delà de la couleur, est peut-être aussi ce mélange des textures et ce jeu sur les matières. La poudre explose de la boite de talc, le rouge à lèvre brillant se craquèle sur la bouche, un liquide étrange luit, une goutte perle à la commissure des lèvres. En privilégiant les gros plans, la photographe donne envie de toucher, d’attraper ces matières pour les appréhender et de passer le bras à travers le cadre de la photographie.

 

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