OMAR JR[FRA]

  • Musique

Interview

Le 22.02.2019 par JULIETTE MANTELET

OMAR JR, c’est le nom un peu mystérieux d’un nouveau duo musical, fraîchement débarqué, et dont le style l’est encore plus, la mezcal pop. Difficile de savoir de quoi il s’agit vraiment sans creuser un peu et surtout sans rencontrer Fabrice et Nicolas, les deux parties de ce duo, deux énergumènes assez déjantés et franchement drôles, dont la plus grande peur est de faire comme tout le monde. Et la rencontre vaut le détour tant Nicolas et Fabrice semblent s’amuser dans leur projet et tant ils ont le verbe facile, enchaînant les références à l’alcool et les piques malicieuses, maniant la provoc et l’humour à merveille, et le tout sans jamais se prendre au sérieux. Un projet pop bercé par les hallucinations du mezcal, cet alcool mexicain élaboré à partir de l’agave, teinté de rock et de guitares, né d’un trip au Mexique et invitant au voyage. Attachez-vos ceintures !

WHO IS OMAR JUNIOR ?

OMAR JR est un tout jeune groupe dont le premier EP, « Aloha 666 », est sorti à l’automne. Un jeune groupe mais aux membres déjà expérimentés et qui n’ont pas la langue dans leur poche. Fabrice n’est autre que le guitariste des « Naive New Beaters » et Nicolas, le chanteur des « Casablanca Drivers ». Ils se sont d’ailleurs rencontrés sur une date commune à Porto Vecchio. Ils racontent ensuite s’être retrouvés à plusieurs reprises dans « des bars louches de Pigalle », où est né leur amour pour le mezcal, et surtout leur envie de faire de la musique ensemble. C’est ainsi que les deux compères en sont arrivés à imaginer ce nom un peu étrange et surtout jamais vu de « mezcal pop ». Clamant avant tout, leur envie de ne rien faire comme tout le monde. Si l’idée derrière ce nouveau groupe était surtout « de faire de la musique ensemble », il a aussi apporté à chacun des éléments nouveaux et appréciables. Pour Fabrice, il lui a permis d’assouvir son désir de guitares, insatisfait au sein des Naive, et lui aussi donné la possibilité de raconter à travers les titres une même histoire maîtrisée, faisant sens pour lui. « Dans les Naive, il y a plein de paroles que je ne comprends pas », explique-t-il. Nicolas, à travers OMAR JR, a lui découvert une autre façon de faire de la musique « un peu moins punk », plus réfléchie.

Après leur rencontre et ce coup de foudre amical, Nicolas et Fabrice ont fait un voyage ensemble au Mexique. Ce voyage sans qui ils ne seraient pas OMAR JR aujourd’hui. Ils décrivent avoir débarqué dans une maison d’hôtes « un peu particulière », la Fugu Gesthouse, vers Oaxaca, « un haut lieu de la fabrication de mezcal », où tout a véritablement commencé pour eux. Avant de partir, ils coinçaient en effet un peu sur leurs paroles et sur ce qu’ils avaient envie d’exprimer. Ils décidèrent finalement d’évoquer « la vie haute en couleurs d’Omar Junior », leur hôte. Un problème de réglé. « On a pris plein d’éléments dans ses histoires, vraies ou non. C’est un mec qui vient du Japon, avec un père mexicain, il devait être maître sushis et puis il a fait le tour du monde à plusieurs reprises ». Cette rencontre les a un peu sauvés, car ils l’avouent, sinon ils n’auraient pas vraiment su de quoi parler. Surtout que Fabrice et Nicolas ont l’attaque facile et sont assez critiques vis-à-vis de leurs collègues dans le milieu, qui se prennent soit trop au sérieux avec des textes trop noirs, ou alors qui restent au ras des pâquerettes avec des textes bateau. Et cette jolie pirouette assumée leur a permis d’éviter de tomber dans l’une ou l’autre des catégories en utilisant une histoire vraie, l’histoire d’un autre. « On a l’impression de s’être fait « gouriser » la tronche et ça nous plaît d’être le porte-parole de ce gars. On se sent investi d’une mission », explique Nicolas. Quand on leur parle de la suite, ce qu’ils raconteront après Omar Junior, ils ont évidemment la réponse. Nicolas assure avec humour, « On trouvera une autre escroquerie, on fera un autre braquage » et Fabrice précise, « Moi je me vois bien encore faire une bonne cinquantaine de chansons sur tout ce qu’il a vécu ».

MEZCAL POP IS THE NEW POP ROCK ?

Avec beaucoup d’humour et un poil de provocation, ils affirment aussi être « le premier groupe au monde de mezcal pop ». Ces deux mots revendiquent leur amour pour la musique et le mezcal mais en termes de sonorités et de style, on s’interroge : ça donne quoi ? D’abord, comme nous explique Fabrice, la mezcal pop, c’est avant tout « un état d’esprit », intimement lié à l’évasion. « J’aime à croire que notre EP fonctionnerait très bien dans une voiture qui roulerait dans un désert », décrit le guitariste. Créer ce courant de « mezcal pop » leur a surtout permis de ne pas utiliser les termes « pop rock », qu’ils se refusent à prononcer. « Ça n’est pas un mot qu’on aime. C’est ça, mais on ne veut pas le dire » s’amuse Nicolas. « Je veux croire que ça n’est pas du pop rock, que ça n’est pas aussi simple » rajoute-t-il.

La mezcal pop c’est pour donc pour eux ce mélange de synthé, de guitares et de boîtes à rythme, des sonorités modernes mais ponctuées de références à des sons des années 90. « Du rock chimique » pour Nicolas qui cite Phoenix ou LCD Soundsystem comme influences. Fabrice évoque plutôt l’état d’hallucination lié au mezcal qui correspond très bien à l’ambiance de leur EP où chaque titre est complètement différent. « Tu peux passer d’une chanson assez formatée à un titre de six minutes comme « You’ve been too far », qui t’emmènes dans des endroits un peu psyché où l’on ne se serait pas aventuré si l’on était juste un groupe de pop rock ». Sur ce sujet le mot humour de la fin revient à Nicolas : « C’est un pot-pourri, pas si pourri que ça. »

L’humour rythme l’intégralité de l’interview, entrecoupée de nombreux fous rires et accompagnée de bières, à défaut de mezcal. La moquerie n’est jamais loin non plus, Fabrice et Nicolas multipliant les piques sur les groupes du moment, toujours avec humour. Ils savent pertinemment ce qu’ils aiment et surtout ce qu’ils n’aiment pas dans le paysage musical actuel. Leur mot d’ordre à eux est simple : écrire des paroles qui veulent dire quelque chose sans partir trop loin, ne pas se prendre au sérieux, rester cool, soigner son attitude en concert. En bref, ils n’aiment pas ceux qui se la pètent et ceux qui la jouent distants avec leur public. Eux, ils partagent même leur alcool pendant les live. Des lives pour lesquels ils ont aussi leur recette secrète : « Bien gérer tes morceaux même si tu bois un coup avant. Les connaître parfaitement pour ne pas réfléchir pendant le live. Transmettre une bonne attitude vis-à-vis de ton public. Faire des bonnes vannes et surtout se faire kiffer. » Nicolas conclue superbement : « Le fun c’est la vie et la vie c’est le fun ». N’hésitez pas à aller vérifier tout ça, ils jouent justement ce soir aux Bains Festival (c’est gratuit, il faut juste s’inscrire ici).

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