Olly[FRA]

  • Mode

Chronique

Le 30.01.2020 par Juliette Mantelet

On passe à la nourriture bio, on scanne nos produits de beauté sur Yuka pour traquer le moindre perturbateur endocrinien, on privilégie un déodorant 100 % naturel, on adopte la cup’ ou les culottes de règles pour éviter les pesticides, et même le glyphosate, présents dans les serviettes hygiéniques. Mais on oublie bien souvent dans cette chaîne plus écolo et plus vertueuse nos vêtements. Et encore plus nos sous-vêtements, pourtant si intimes et personnels. En contact direct avec notre peau. Peut-être, parce que les alternatives sont encore peu nombreuses, que les grandes marques continuent d’abreuver le marché de leurs dessous à bas prix et que, sur ce coup-là, l’achat d’occasion ne fait pas forcément rêver. Les alternatives sont rares, mais elles existent. Comme nous avons déjà pu vous le prouver avec Bombo. Et aujourd’hui encore avec Olly. Mathilde, sa co-fondatrice, a lancé la marque en 2016 grâce à une campagne de crowdfunding parce qu’elle ne comprenait tout simplement pas pourquoi il y avait plus de marques de baskets éthiques que de culottes.

SAUVER SA PEAU

Mathilde et Clémentine, à la fois écolos et fashionistas, ont pensé tout de suite à repenser la lingerie. À la rendre éthique et esthétique. « Tant qu’à mettre des matières saines et naturelles, on s’est dit qu’on allait plutôt commencer par les culottes, qui sont sur une zone du corps très sensible et fragile chez les femmes », explique Mathilde.

Le coton bio certifié GOTS est alors à la base de la démarche écologique d’Olly. GOTS, c’est ce label indispensable qui certifie que le coton de vos petits dessous est cultivé sans OGM, sans pesticides et qu’il n’est pas blanchi au chlore. C’est quand même mieux pour ce vêtement que l’on met tous les jours en contact avec nos parties intimes. Pas la peine de passer à la cup’ si on garde sa culotte Primark. En effet, le coton est produit en majeure partie en Inde. Et pour augmenter les rendements, il est bien sûr cultivé à l’aide de nombreux pesticides particulièrement dangereux pour la santé, et utilisés sans protection. Dans le Pendjab, le nombre de cas de cancer est ainsi passé de 800 000 nouveaux cas en 2001 à 1 220 000 en 2016. Effarant. Et selon Greenpeace, 2/3 de nos vêtements contiennent aussi des perturbateurs endocriniens, présents dans les teintures. C’est pour ça qu’Olly utilise des teintures certifiées Oekot-ex, c’est-à-dire sans teintures nocives. L’équipe est basée en France, la dentelle vient d’Allemagne, la tulle d’Italie. Pour privilégier les circuits courts. Et tous les sous-vêtements sont fabriqués en Europe dans des ateliers que Mathilde visite régulièrement.  Même le packaging est sans plastique. Faites-un tour sur leur site pour tout comprendre, on a rarement vu un Manifeste avec autant de transparence.

La plus grande fierté de Mathilde ? Avoir réussi à allier le responsable et l’esthétique. « Ce dont je suis le plus fière c’est d’avoir réussi à faire quelque chose de joli, que nos clientes apprécient, que des hommes offrent en cadeaux ». Et la marque ne s’arrête pas au coton bio. Elle vient de lancer une nouvelle collection en dentelles en fibres recyclées. Issues d’un fabricant de textiles qui récupère ses propres déchets de production pour en faire un nouveau fil grâce à un procédé mécanique qui permet de tisser une dentelle toute douce. « On a le shorty tout en dentelles le plus confortable que je n’ai jamais essayé. En général c’est plutôt un modèle qui rentre un peu dans les fesses », s’amuse la jeune créatrice. Et des bodys, made in France, arrivent très vite.

« La mode éthique c’est un peu la 3ème étape »

Ce que veut rappeler avant tout Mathilde à travers Olly, c’est qu’il est aussi important de penser à ce qui est contre notre peau et à ce qui l’habille, qu’à ce qu’on met dans notre corps et à ce qu’on étale dessus. Si pour elle, les habitudes sont en train de changer, elle remarque tout de même que la « mode éthique reste la troisième étape pour quelqu’un qui commence à s’intéresser à l’écologie et à se poser des questions sur l’impact de sa consommation personnelle sur le monde. » Et décrit : « L’alimentation bio s’est démocratisée, il y a eu un vent de magasins bios. Il y a même des Carrefour bio. Tous les supermarchés ont un rayon. La cosmétique a aussi vraiment pris son essor. Il y a eu le numéro de Que Choisir sur les cosmétiques… Et les gens qui se tournent vers la mode éthique sont ceux qui ont déjà fait ces deux premiers pas. » Mathilde invite alors à plus de dialogues, de prévention, d’informations, d’articles. Pour sauver notre peau, la mode doit aller de pair avec un changement de frigo et de placards, pas passer après.

Envie de créer un projet avec cet artiste ?
Contactez-nous