Thérapie Taxi[FRA]

  • Musique

« Il faut réussir à rester un enfant tout en étant un adulte ». Cette maxime à moitié sarcastique lancée par Renaud résume pourtant bien l’univers de Thérapie Taxi. Dans les bureaux de leur label Panenka, ils se déplacent comme à la maison, s’échangent des vannes bienveillantes et saluent chaque visiteur comme un vieux copain. Cette ambiance familiale convient bien à ces "adulescents" auto-proclamés qui chantent la sensation d’être coincés dans un entre-deux. Un sentiment propre à leur génération, qui « s’inquiète de comment payer son loyer tout en continuant à faire la fête » explique Raphaël.

Interview

Le 14.12.2017 par Diane Micouleau

Alors que la sortie de leur premier album Hit Sale est annoncée pour le 2 février, les trois énergumènes de Thérapie Taxi enchaînent interviews, concerts et soirées entre potes. Perdus au beau milieu de cette effervescence, Adélaïde, Raphaël et Renaud ont accepté de se poser pour un entretien entre crises existentielles et autodérision.

Une musique hétéroclite

Cela fait déjà quatre ans que « la pragmatique » Adé et « l’angoissé » Raphaël se sont rencontrés pour former l’embryon qui deviendra Thérapie Taxi. Mais il aura fallu attendre 2015 pour que « le pointilleux » Renaud et ses cheveux peroxydés viennent sceller leur destin. Ensemble, ils développent un patchwork de titres inclassables, fusion hétéroclite de leurs goûts multiples. « Si notre musique est schizophrène, c’est aussi parce que c’est une tendance actuelle. Les groupes ne se soucient pas de rentrer dans un genre, ils ont juste envie de jouer une grande variété de sons. » Pour Thérapie Taxi, les influences sont leurs contemporains : La Femme pour la langue française, Fishbach et Juliette Armanet pour le « gros level », des rappeurs pop comme Lomepal pour « s’épuiser dans la démarche artistique ».

 

Le rap français comme source d’inspiration

Le rap francophone, lieu d’énergie créative dans l’air du temps, est un point d’ancrage pour Thérapie Taxi qui a délibérément choisi de chanter en français après quelques tentatives en anglais. « Ecrire en français, c’est plus jouissif, c’est plus évident » explique Raphaël, rompu à cracher sa rage et ses passions dans les paroles de ses chansons. « Et c’est mieux, parce que les gens t’écoutent et se reconnaissent dans ce que tu dis » tempère Adé. C’est de cette admiration pour un rap qui s’ouvre à l’expérimentation qu’ils ont décidé de faire un « featuring » avec Roméo Elvis pour le morceau Hit Sale. Un titre aux paroles chirurgicales, une ode aux festivités et aux addictions : « Ici tout le monde déraille / T’es cent fois, cent fois trop bonne / T’as buggé nos entrailles / T’es mille fois, mille fois trop sexe ».

 

Des textes, miroir de leurs contradictions

Leur album se déploie autour de trois univers issus de leurs histoires personnelles et imaginaires. Si l’un est plus introspectif et violent, notamment avec le titre Coma Idyllique : « Je suis un amoureux du vice / Un putain de terroriste / Et je meurs », le deuxième est plus penché sur l’amour, et le dernier est clairement tourné vers la fête. Car Thérapie Taxi, c’est ça, aussi. Thérapie pour « écouter notre musique en fumant une clope à la fenêtre » et Taxi pour « que nos potes puissent danser et s’enjailler en soirée ». Cette ambivalence traverse tout leur album jusqu’au climax final, le morceau Anti Hit Sale, fruit des angoisses professionnelles et amoureuses de Raphaël, qui s’achève par un refrain chanté par des amis en soirée. Thérapie Taxi, ce sont surtout trois copains en proie à une belle énergie de vivre et de créer, « des grains de poussières sur la météorite » de la scène musicale française, poétise Adé.

Photographie © Julie Oona

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