Fishbach[FRA]

  • Musique

Interview

Le 27.01.2017 par Pauline Guillonneau

On se souvient de la première fois où on a rencontré Fishbach. Une énergie une puissance et des pas de danses sans équivoques sur une petite scène d’un festival indé. La seconde fois, au détour d’une interview. On avait que 20 minutes pour se présenter et poser toutes nos questions. Mais on se souvient d’une forte personnalité, on s’est dit qu’elle, elle irait loin. Cinq ans plus tard, Flora est toujours bien en place dans son style rock-punk français et est devenue une des icônes femmes de la scène émergente française. Avant de sortir son prochain album et à l’occasion de notre dossier sur Les Femmes, on a souhaité vous reparler de cette jeune femme charismatique, qui parle aux femmes modernes.

Un article de Pauline Guillonneau, initialement publié le 27.01.2017

Voilà longtemps que l’on scrutait la musique de Fishbach. Rencontrée au festival Pete The Monkey en 2015, on se doutait bien qu’il ne suffisait que d’un petit coup de pouce pour que Flora ne décolle. Fishbach était sur la scène des Transmusicales de Rennes en décembre dernier, une date pour laquelle elle a dû rapidement monter un groupe. Depuis, elle ébranle les chroniques musique de tous les journaux français et sort aujourd’hui, son premier album. Rencontre.

fishbach-tafmag-interview-musique-crédit-Yann-Morrison

 

Le vent en poupe, figure de proue

« Tout ces gens qui s’intéressent à ta musique alors qu’un an avant t’étais toute seule dans ta piaule, ça fait un peu drôle ! ». Flora Fishbach vient de vivre un sacré bond dans sa carrière de jeune musicienne. Après avoir eu un premier groupe de punk électronique dans ses Ardennes natales, à 25 ans, elle se lance dans la chanson française, dark et pop. Foncièrement inspirées par la chanson française à son âge d’or, Brel, Gainsbarre ou Piaf en figures de proue – pendant qu’on pense de notre côté aux voix puissantes et théâtrales de Barbara ou de Catherine Ringer -, Flora sort son premier album, À ta merci, ce vendredi 27 janvier.

 

Fishbach dramaturge

Un exercice qui se sera révélé épuisant pour Flora qui a été victime de « fatigue sonore », comme elle le dit, toujours en poésie. « J’ai beaucoup donné de moi et je ne sais pas trop gérer mon énergie, » avoue-t-elle, toujours le sourire aux lèvres. L’année 2017 commence très fort toutefois, Flora est désormais reposée et prête à démarrer un nouveau chapitre de sa musique qu’est sa tournée en France pour défendre son disque.

Une tournée pendant laquelle elle pourra s’exprimer. Elle le sait, sur scène, elle appuie la chanson avec le geste. Un côté théâtral impressionnant et terriblement séduisant. Aussi frêle soit-elle avec son look androgyne jane-birkinien, Flora occupe la place entière. Elle aurait pu continuer seule mais se ravie de ce coup de pouce imprévu qui lui a apporté un groupe.

 

12 facettes d’une même femme

Avec la musique, Flora se teste à plusieurs genres. Quand Nicolas Lockhart, désormais membre du « groupe Fishbach », lui propose de faire la voix dans son titre pop La femme fantôme (le track de notre été 2016, ndlr), elle s’est dit : « Je vais pas faire ma Fishbach » et a accepté de « faire la fille de la chanson ». Accentuez sur le mot « fille ». La musicienne aime bien l’idée qu’on puisse être plusieurs personnes : «  Je peux être une grosse marâtre, super sure d’elle, ultra baraque, » dit-elle de sa voix grave de fumeuse, « et je peux être aussi la fille docile », poursuit-elle d’une voix aiguë.

Sur À ta merci, chaque morceau est une nouvelle femme. 12 titres et autant de facettes différentes. Comme dans la vie, compare Flora : « La femme au travail, la femme dans la rue qui marche d’un pas décidé, la femme qui se blottit contre son mec… Elles ne parlent pas de la même voix. »

 

« Délivrer » son album

L’ardennaise fonce, sans jamais  (trop) regarder en arrière. Exigeante, elle n’a pas encore réécouter ses maquettes mais attend la sortie de son album pour y redonner une petite oreille, une fois le produit fini et les modifications complètement impossibles. « De toute façon » dit-elle, « à un moment, il faut le délivrer ». Un étonnant choix que cet anglicisme qui montre son besoin d’exorciser sa musique, de trouver la délivrance dans l’accouchement d’un album entier, celui qui présente toutes les facettes de la femme qu’elle est aujourd’hui.

Une fois créés, elle sait que ses morceaux vont vivre leur vie et que chacun ira de sa propre interprétation. « C’est génial de me dire que les gens écoutent mes chansons, sans moi ! » Les retours sont très différents quant à l’utilisation de la puissante musique de Fishbach. Alors que l’on écoute Mortel pour panser une séparation, d’autres l’utilisent pour faire leur deuil suite aux attentats du 13 novembre. En réalité, son tube qui l’a fait connaître parle de sexe.

Il y a des morceaux, comme ça, qui nous accompagnent toute une vie et que l’on adopte à notre manière. Celui de Flora, c’est Il est libre Max d’Hervé Cristiani. « Je sais pas pourquoi, depuis que je suis toute petite, quand je l’écoute, je ressens une sensation de confort, je revois la petite Flora de 6-7 ans. »

Jacques, Juliette Armanet, L’impératrice ou Fishbach… On le sait, la nouvelle scène pop française vogue vers de beaux jours arty et petit à petit, les groupes qui la composent s’aperçoivent qu’ils font « partie d’un truc ». Elle est libre Flora. Y’en a même qui disent qu’elle va s’envoler.

 

Pauline Guillonneau
Crédit photo : Yann Morrison

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