Eddy de Pretto[FRA]

  • Musique

Interview

Le 02.03.2018 par Pauline Guillonneau

Prévenues le matin même, on se réjouit d’une interview avec Eddy de Pretto à venir l’après-midi. Voilà longtemps qu’on (re)connait le travail du parolier bien qu’on ait loupé le coche à plusieurs reprise à la rédac’. Même après la sortie de « Fête de trop », même après que l’on se soit croisés en soirée, comme un rappel qui faut encore se dépêcher. Ah ce dilletanstime ! C’était en octobre. Depuis, tout est allé si vite pour le jeune crétois, jusqu’ici, jusqu’à la sortie de son premier album ce vendredi 2 mars« Cure », accompagné de ce clip de « Normal ».

 

•DES ADDICTIONS FESTIVES À LA CURE

Si chez Tafmag on n’a pas l’habitude d’interviewer des artistes qui ont déjà une page Wikipédia, on a toutefois voulu savoir comment se portait Eddy de Pretto après une ascension fulgurante ces 6 deniers mois, comment il se sentait à l’aube de la sortie de son premier EP ce vendredi, « Cure ».

Râté, Eddy ne se rappelle pas de notre rencontre à la queue de ce rad abandonné dans le 18eme arrondissement de Paris, où des connaissances communes fêtaient leur anniversaires. Depuis, Eddy de Pretto – dont le nom ne pouvait que promettre une carrière à la scène – cartonne. Les singles se succèdent, les salles se remplissent, une session Colors se profile. Fête de Trop, Kid, Random, tous ses titres restent en tête… « Être rentré en radio indé et mainstream, ça a boosté le propos », tente de justifier le musicien modestement. Mmmh. « On a beaucoup travaillé aussi », ajoute-t-il, fièrement. Ça, oui.

 

 

LE GOÛT DES LANGUES

Eddy est venu apporter sur la scène française indé une musique nouvelle qui remet au goût du jour le texte à la française. Et pas le même phrasé que PNL. Oh Lala. Avec ses mots, Eddy parle de lui, de sa génération : « Je voulais parler de mes réalités, de mes intimités, de mes perditions. J’aime beaucoup témoigner, observer, parler des travers de ce que l’on vit dans les réseaux, dans les fêtes, dans les drogues, dans des amours éphémères et perdues, dans les espoirs aussi ».

Sans fatalité, Eddy raconte l’amour en 2018. Il parle de la jungle de la chope, de la mort de la sérénade, de l’effervescence de nos rencontres, de nos baises ratées. « Sans fatalité », répète-t-il, « il y en a qui ressorte avec des vraies histoires d’amour, en couple ». Ah le couple, cette quête du Graal en notre siècle. Eddy raconte ainsi son homosexualité sans pour autant se positionner comme un activiste. Juste l’histoire d’un jeune adulte qui tombe amoureux « à tous les coins de rue » dans l’espoir de trouver le « vrai truc » au détour d’une avenue.

 « Je voulais parler de mes réalités,
de mes intimités, de mes perditions  »

L’APPÂT DE LA SCÈNE

Eddy a grandi à Créteil, dans le 94. Partagé entre deux groupes d’amis, il oscille entre « les gars d’en bas », les mecs de Kenedy (une des cités du coin, ndlr) et ses copines de son lycée privé. « C’étaient pas les mêmes codes. En bas, j’étais le garçon. Le garçon quoi. Je galbais plus les épaules pour rentrer dans le moule. »

Depuis tout petit, la scène, c’est le truc d’Eddy depuis toujours. « J’adore la scène. C’est une aisance, une habitude pour moi ». Ah oui ? « Sur scène, j’étais l’élève euh.. bon » admet-il.. « À l’école au sport, j’étais le dernier, c’était l’horreur. Mais au théâtre, j’excellais ».

 

 À l’école au sport, j’étais le dernier (…) mais au théâtre, j’excellais »

LE REMÈDE

« Cure » sort ce vendredi 2 mars comme pour palier à ce froid ambiant, comme pour nous proposer un remède en musique. Malgré les propos acerbes et rythmiques nostalgiques, Eddy slamme comme Stromaé sur des prods electro, avec un tic de langage emprunté à Jacques Brel. Il a choisi un titre hybride pour ce premier album, un mot fort choisi par soucis de consonance et de sonorité : « ‘Cure’, ça me parlait parce que je trouvais pas ça joli comme mot. ‘Cure’, ça vient un peu taper à l’oreille ;  ça te ménage pas ; ce n’est pas un titre doux ». « Cure » comme une antidote pour Eddy qui se raconte tout entier : « Je ne préserve personne dans cet album, moi le premier » confirme-t-il.

Courrons alors écouter les histoires d’une génération en plein envol, en pleine quête d’histoires sincères et profondes, écrites par un poète moderne qui, il l’affirme, porte un regard encourageant sur les siens. Sur nous tous somme toute.

 

Photographie © V Ducard

 

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