Marion Charlet[FRA]

  • Art & Peinture

Interview

Le 06.03.2020 par Juliette Mantelet

Marion Charlet peint les intérieurs et les piscines. À l’acrylique. Avec une dominance de bleu. Ça vous rappelle un célèbre peintre anglais ? Ça tombe bien, Marion exposera justement le mois prochain aux côtés de David Hockney dans une exposition intitulée « De la couleur avant toute chose » dans la Chapelle de la Visitation à Thonon-les-Bains. Consécration pour cette artiste coloriste pour qui le peintre des Swimming Pools a toujours été une importante source d’inspiration, aux côtés de Matisse ou de Gauguin. Et dire que si elle n’avait pas un jour croisé dans le métro une copine avec son carton à dessin, Marion ne serait peut-être jamais devenue peintre. À quoi la vie tient parfois… Née dans une famille d’architectes, Marion est très portée sur les angles, les lignes de fuites et les points de vue en plongée vertigineux. Mais ça, ce serait plutôt lié à une chute qu’elle a fait plus jeune. Marion décline sur la toile des intérieurs splendides, fruits de ses souvenirs, aux couleurs acidulées et lumineuses que l’on rêverait de visiter, voire d’habiter. Marion, elle, rêve d’une villa en Toscane. Interview.

« Je ne pensais pas que je pouvais en faire ma vie, jusqu’à ce que j’entre un jour dans le métro. »

Salut Marion, D’où viens-tu ?

Difficile… Je viens de tous les endroits qui m’ont fait et de tous les gens avec qui j’ai vécu et avec qui je vis.

« Je suis tombée d’un étage. »

Peux-tu me dévoiler 3 faits insolites à propos de toi ?

1. Je me lève tous les jours à 5H30 du matin, j’ai toujours un sommeil très compliqué.
2. J’ai un appareil photo dans les mains depuis que ma grand-mère m’en a offert un à 8 ans.
3. Je suis tombée d’un étage en 2001, d’où mon ascendance sur les points de vue en plongée et également cet équilibre précaire qui se distinguent dans mes compositions.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir peintre ?

J’ai toujours dessiné et peint depuis que je suis petite. Je ne pensais pas que je pouvais en faire ma vie, jusqu’à ce que j’entre un jour dans le métro. J’avais 19 ans. J’ai vu une amie qui avait un carton à dessin à la main. Je suis sortie du métro et j’ai décidé de recommencer mes études pour faire une école d’art et ne plus faire que ça.

Où as-tu grandi ?

J’ai grandi à côté de Paris, à Boulogne-Billancourt, du côté des usines Renault. J’ai grandi chez mes amis, chez mes parents. J’ai grandi là où l’on se fabrique, avec les aventures que l’on vit. J’ai vécu à Londres pendant mon année Erasmus, puis 4 ans à Bruxelles.

D’où vient ton amour pour les piscines ?

L’eau a toujours été près de moi. Mes grands-parents avaient une maison sur la falaise, juste en face de la mer en Vendée.

Comment est née chez toi cette envie de peindre les maisons, les intérieurs ?

Venant d’une famille d’architectes, mon regard a été formé depuis mon enfance à observer le monde via les tangentes, les points de fuites et les couleurs. Le gimmick de la famille c’est « la vie est une perpétuelle observation. »

À quoi ressemble l’intérieur de tes rêves ?

Peut-être que cela serait une villa en Toscane ou au bord de la mer avec une très belle vue sur l’horizon. Je l’imagine jaune de Naples et remplie de carreaux de céramiques venant de tous les pays que j’ai visités. Un beau jardin avec surtout des buis en escalier, jamais trop loin de mes proches.

Quand as-tu découvert David Hockney ?

Ça devait être à New York en 2008. C’est un tableau qui représente un pot de fleur et en fond le mont Fuji [Mont Fuji and Flowers peint en 1972 ndlr]

Comment en es-tu arrivée à exposer à ses côtés ?

Cela s’est fait grâce au commissaire d’exposition (Philippe Piguet) qui me connait depuis maintenant quelques années. Je suis très contente de ce cadeau qu’il me fait, cela rend la filiation de ma peinture avec les peintres coloristes plus simple et assumée.

Le bleu c’est la couleur de Hockney, de Matisse, de Klein, comment définis-tu le bleu Marion Charlet ?

J’ai toujours utilisé un bleu turquoise comme référent à chaque toile. C’est vrai qu’on le retrouve partout. Il est à la fois froid et lumineux. Comme toute couleur, je l’ai trouvé il y a déjà plus de dix ans et je m’en sers toujours comme référent quand je commence une toile.  D’ailleurs, j’essaye de m’en défaire et de faire bouger les lignes en utilisant des couleurs que j’ai déjà dans ma palette (jaunes par exemple) pour fabriquer des nouveaux fonds. En quelque sorte : faire bouger les lignes avec toujours les couleurs que j’utilise depuis longtemps.

Et comment obtiens-tu ces couleurs si éclatantes qui sont ta marque de fabrique ?

Je travaille à l’acrylique. On dit que cela rend les couleurs plus « crues« . Cependant, ce sont surtout le choix de couleurs acidulées qui rendent ce que tu appelles « éclatant« . Ou peut-être aussi que cela soit le fait qu’il a peu de jeux d’ombres dans les tableaux. Résultat, c’est moi qui choisis d’où vient la lumière. Elle est souvent jaune très clair, presque irradiante.

« Le pays qui m’a le plus touché et fasciné, c’est un pays que pour l’instant je n’ai encore jamais peint. »

Tes toiles évoquent aussi l’ailleurs, tu voyages beaucoup, quel lieu as-tu préféré découvrir ?

Oui, dans ma famille, le goût de voyager m’a permis de découvrir assez jeune de belles destinations comme les pays du Moyen Orient, l’Asie ou encore l’Afrique. Le pays qui m’a le plus touché et fasciné, c’est un pays que pour l’instant je n’ai encore jamais peint : la Syrie. Nous y avons fait un grand tour pendant un mois en 1999.

Tu peins des espaces plus colorés, plus beaux. Qu’est-ce que TU n’aimes pas dans notre vie réelle et quotidienne ?

Je suis partie des espaces, des paysages pour sublimer des lieux dans lequel j’avais perdu des proches qui me sont chers. Cela n’a rien à voir avec notre vie réelle et je ne compare d’ailleurs pas trop. J’essaye de faire des espaces atemporels où tout le monde puisse s’y retrouver, y être attiré.

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