Louise Monlaü[FRA]

  • Photographie & Cinéma

Louise Monlaü est une photographe de 25 ans. Après plusieurs séries en Afrique et en Amérique du Nord, direction l’Amérique latine, au Brésil où elle capturera le quotidien des brésiliens de Salvador de Bahia, sur fond de coupe du monde de foot.

Interview

Le 29.08.2014 par Julie Maury

Sur son site, trois séries de photographies sont publiées. La première, « Halloween in North America », a été réalisée dans le métro new yorkais, le soir d’Halloween, en 2013. « Mon voyage souterrain a duré quatre heures, c’était un vrai show », se souvient Louise. Influencée par les photos anthropologiques de Françoise Huguier et le surréalisme de Duane Michals, la série est un savant mélange des deux. « Des hommes à têtes de loups garous ou de licornes qui côtoient prostituées ou policiers dans un environnement banal en pratiquant une activité banale, ça c’est surréaliste », s’amuse Louise.

 

« Darlinda Just Darlinda »

Pour sa deuxième série, « Darlinda Just Darlinda », Louise a approché la scène burlesque new-yorkaise. La photographe a suivi Darlinda, perforeuse néo-burlesque, dans son intimité et sur son lieu de travail pendant deux jours. Impossible ici de ne pas citer Nan Goldin.

Les photos de Darlinda parlent d’elles-mêmes, sans tabous, sans chichis. Louise ne conceptualise pas ses photos. Elle aime photographier les gens « un peu différents ». Elle refuse le terme « marginaux ». « Ils s’assument totalement. Darlinda aime sa vie et son métier. Pendant ces deux jours, à aucun moment je n’ai ressenti qu’elle était « en marge de la société », comme on dit. » Louise aime simplement photographier des styles de vie rock’n’roll et des personnages hauts en couleurs.

Avant New York, Louise est passée par le Canada où elle a photographié une drag queen. Elle n’a pas publié cette série car « elle n’était pas aboutie », selon elle. Son voyage en Amérique du Nord, elle l’a réalisé après cinq ans d’études en sciences sociales. Elle n’a pas fait d’école de photo. « Mon père est photographe, je suis tombée dedans quand j’étais petite », explique-t-elle. « J’ai préféré faire des études qui pourront couvrir mes arrières, au cas où. » Un choix d’orientation en adéquation avec son sujet photographique de prédilection : l’humain.

Enfant, Louise a vécu au Burkina Faso et est rentrée en France à l’âge de dix ans pour intégrer le collège-lycée Montaigne, dans le 6e  arrondissement, à Paris. La vue sur le jardin du Luxembourg n’a pas ébranlé son goût pour le voyage et encore moins celui pour l’Afrique. Après son bac, elle a visité le Bénin et le Togo, son sac au dos, son appareil photo à la main. C’est grâce à ce voyage qu’elle a eu son premier « vrai » rapport à la photographie. D’un point de vue technique, mais surtout artistique. « Qu’est-ce qu’une bonne photo ? De quoi je veux parler ? Le photojournalisme est-il ou doit-il être objectif ? Comment approcher les gens que je veux photographier ? Dois-je les prévenir avant de les photographier ? » Questions que Louise se pose toujours aujourd’hui.

VOYAGES ET PARKOUR

Après l’Amérique du Nord en 2013, Louise est partie en Tunisie en 2014, réaliser un reportage pour le magazine CAFÉBABEL sur des jeunes qui font du Parkour. « C’était sportif, je les ai suivis partout, jusqu’au sommet d’un château d’eau que j’ai dû escalader sur une vieille échelle bancale. Les jeunes eux, l’ont fait à mains nues », raconte-t-elle. Pour cette série, Louise ne s’est pas contentée de faire du spectaculaire. Elle a mis en valeur l’environnement de ces sportifs, l’architecture de la ville, ses habitants. Les photos de la série « Parkour – Tunisia » ne se focalisent pas uniquement sur la performance sportive. Elles sont contextualisées.

Pendant ce temps, à Vera Cruz… la coupe du monde de foot va commencer. Le 3 juin, Louise partira sur l’île d’Itaparica, en face de Salvador de Bahia. Avec son père, photographe, et un ami, journaliste, elle s’intéressera aux brésiliens de l’île et de Salvador. Ces récits seront publiés chaque jour dans Libération pendant un mois et demi et sur le site copa-do-mundo.fr.  « On va faire des allers retours entre les deux. L’île est calme, la ville l’est moins. On rencontrera des gens aux rythmes très différents. Des pêcheurs d’Itaparica, des taxis de Salvador de Bahia, des jeunes de ces deux mondes que tout oppose mais qui ne sont qu’à 45 minutes de ferry l’un de l’autre », explique Louise, qui regorge d’idées. Les thèmes de la politique, de l’économie et de la culture seront traités. Tout ne sera pas lié au foot. La coupe du monde est un prétexte.

Cet été, Louise partira à Londres shooter une chanteuse de hard metal, punk et tatouée de partout. A la rentrée, elle aimerait pratiquer la photographie de mode. « Je ne sais absolument pas comment ça fonctionne. Je n’ai jamais shooté en studio et je n’aime pas diriger. Je suis habituée à saisir l’instant », confie-t-elle. Sans délaisser le photo reportage, Louise désire toucher à tout, en apprendre un max.

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