Jo-Anne Henderson[GBR]

  • Illustration

Chronique

Le 29.04.2020 par Juliette Mantelet

Jo-Anne Henderson : le surf way of life depuis son berceau néo-zélandais

Ultime étape de notre voyage surf en Nouvelle-Zélande, en compagnie de l’illustratrice Jo-Anne Henderson. Avec ses teintes pastel, la jeune femme rend un hommage illustré ultra bienveillant aux surfeuses. Surfeuse elle aussi, elle parcourt le monde à la recherche des meilleurs spots. Un voyage qui l’a menée jusqu’en Nouvelle-Zélande, où elle vit une existence rêvée entre un job dans une exploitation de kiwis, ses illustrations et des sessions surf.

Une surfeuse rêve de la vague Jo-Anne Henderson

WORK, SURF, DRAW, TRAVEL. REPEAT

Doux hasard de la vie – presque aussi doux que les couleurs de ses dessins – on a découvert Jo-Anne et ses illustrations de surfeuses sur Instagram, pile au moment où nous préparions cette thématique sur le surf et sa nouvelle vague d’artistes. Forcément, on a tout de suite voulu y inclure la jeune femme. Elle a 24 ans, elle vient d’Écosse et depuis cinq ans vit la vie de rêve. Une vie libre. Celle des héros de The Endless Summer. Celle dont on vous parlait dans notre dossier sur la déferlante surf. Jo-Anne parcourt le monde avec son copain pour le surf. Et pour le fun. Elle est déjà allée en Australie, au Sri Lanka, à Java… Et depuis sept mois, elle est installée en Nouvelle-Zélande. Elle bosse dans une plantation de kiwis, découvre le pays en campant, dessine. Sa vie rappelle celle de la californienne Lauren Badenhoop, entre surf et peinture. Jo-Anne applique la technique des surfeurs du 6 mois / 6 mois. Elle bosse la moitié de l’année à temps plein et se sert de ses économies pour voyager les mois suivants. « Je suis incroyablement heureuse et reconnaissante de pouvoir vivre ce style de vie ».

« Sans le surf, je n’aurais probablement pas eu la motivation de voyager dans tous ces endroits »

Pour Jo-Anne, le surf a vraiment commencé dans un endroit mythique : l’Australie. Forcément, sur la côte nord-est de l’Écosse où elle a grandi, les vagues n’étaient pas très intéressantes. Pourtant, elle raconte que sa chambre était déjà décorée sur le thème du surf. Elle avait des calendriers, des livres, des magazines de surfeuses. Et même une planche. Elle se pensait surfeuse, bien avant d’apprendre. Finalement, c’est quand elle a vécu en Australie il y a quatre ans, en tant que jeune fille au pair, qu’elle s’est mise à l’eau. Elle surfait pendant que les gamins étaient à l’école.

« Sans le surf, je n’aurais probablement pas eu la motivation de voyager dans tous ces endroits », affirme aussi la jeune femme. Le surf crée donc l’occasion du voyage. Il le justifie. À côté du surf, bien sûr, on vit des aventures, on rencontre des gens. Si vous voulez un aperçu des voyages de Jo-Anne, elle réalise d’ailleurs des vidéos de ses surf trips avec son copain, qu’elle diffuse sur Youtube. Comme un carnet de voyage, qui lui permet de se rappeler « tous les petits détails qu’on pourrait oublier autrement. » Quand elle est arrivée avec son mec en Nouvelle-Zélande, où le surf est ultra populaire, Jo-Anne n’avait entendu parler que de Raglan, un spot au sud d’Auckland, devenu légendaire grâce au film culte du surf, The Endless Summer, encore. Mais ils ont vite réalisé que là-bas, le surf est partout. Comme sa culture. Bien sûr, on parle plus souvent de sa voisine, l’Australie en termes de surf. Et l’on pense plus aux rugbymans et à leur Haka en évoquant la Nouvelle-Zélande. Mais, avec plus de 400 sports de surf sur les deux îles qui la composent, de magnifiques vagues et « des point breaks interminables », d’après le site Surf Report, la Nouvelle-Zélande est en fait une vraie destination surf, encore préservée. Jo-Anne évoque les « nombreuses villes remplies de magasins de surfs et de clubs ». Et précise que contrairement à ce qu’elle a pu voir ailleurs, et elle a voyagé, en Nouvelle-Zélande, il y a beaucoup de filles et de personnes âgées au line-up.

« J’adore quand vous rencontrez quelqu’un et que vous découvrez qu’il surfe aussi, cela vous donne instantanément une connexion. »

Trois surfeuses déjeunent après une session surf Jo-Anne Henderson

émotions partagées

Ce que préfère Jo-Anne dans le surf est très révélateur. C’est même l’une des raisons pour lesquelles ce sport est devenu une culture, un art. Cette raison, c’est la communauté. Celle qui fait que l’on a envie de surfer, même à Munich ou à Montréal dont parlait l’artsite Jeremy Le Chatelier avec le spot Habitat 67 Même sans océan. « J’adore quand vous rencontrez quelqu’un et que vous découvrez qu’il surfe aussi, cela vous donne instantanément une connexion. Vous avez plein de choses à vous dire et à partager », décrit Jo-Anne. Oui, la vague se surfe seul. Mais l’expérience se partage avec tout le monde. « On s’assoit dans l’eau avec des amis, des étrangers. On s’encourage. » Le surf, c’est des émotions tellement fortes et uniques que forcément, les partager avec les autres crée tout de suite des liens puissants. Même si l’on est deux individus totalement différents. Qui viennent de deux endroits du monde littéralement opposés. Plus que quiconque, l’autre surfeur sait ce que tu vis dans la vague. « Cette glisse magique sur quelque chose qui va et vient si vite ». Ce sentiment qui est même « trop beau pour être vrai », glisse Jo-Anne, dont on devine les yeux brillants, sûrement. « C’est comme si cela ne devait pas être possible d’évoluer comme ça sur l’eau ». Un pari avec la vie. Elle se souvient de cette grosse vague, attrapée à Java, la plus longue de son existence. Qui l’a emmenée jusqu’à une deuxième plage. Et qu’elle a surtout partagée avec un touriste, à ses côtés, « qui a vécu exactement la même chose ». En revenant à leur point de départ, ils n’ont fait que discuter, exaltés, et encore étonnés par cette vague incroyable qu’ils venaient d’oser prendre. Magie du partage qui amplifie les émotions vécues dans l’eau.

La jeune femme reste quand même impressionnée par les grosses vagues. « Elles me terrifient ». Et s’inspire pour dépasser sa peur du courage des autres femmes surfeuses dont elle lit des interviews dans les magazines. Elles l’encouragent à « repousser ses limites ». Et plus elle le fait, moins elle a peur. C’est à ces femmes surfeuses, et à leur audace, qu’elle rend hommage dans ses illustrations.

Trois surfeuses par Jo-Anne Henderson

LES SURFEUSES, respect

Quand Jo-Anne s’est mise à l’illustration numérique sur Ipad (hyper pratique quand on mène une vie de nomade) le premier sujet qui lui est venu à l’esprit c’est le surf, forcément. C’est une source d’inspiration inépuisable pour les artistes. Et pour Jo-Anne, tout simplement son « activité préférée au monde ». Surtout, elle se dit éternellement inspirée par les femmes qui surfent et leur façon d’être. Ce sont ses muses, aussi bien dans son art que dans son mode de vie. Elle les admire. Et son art est alors tout simplement : « une lettre d’amour à la belle et diverse communauté de surfeuses fortes. Aux filles qui se dépassent, affrontent leurs peurs, s’amusent et surtout se soutiennent mutuellement et prennent soin les unes des autres dans l’Océan. » Comme Bethany Hamilton, cette surfeuse américaine de Hawaii qui perd un bras à 13 ans, attaquée par un requin, et remonte sur sa planche quelques mois après seulement. Comme Justine Dupont, surfeuse française qui a affronté en novembre dernier une vague de 20 mètres de haut à Nazaré. La plus grande vague de sa carrière qui lui a fait faire du 66km/h sur une planche. Ou encore comme toutes ces femmes qui bravent les interdits et repoussent le poids des traditions au Maroc, en Afrique du Sud ou au Sri Lanka pour monter sur une planche.

Pour la jeune illustratrice, ses dessins sont une manière aussi de garder en mémoire toutes les femmes incroyables qu’elle a rencontrées sur la route du surf. Et de poursuivre et prolonger la communauté surf au sortir de l’eau. Par ses illustrations, Jo-Anne souhaite en effet donner envie à d’autres jeunes filles de surfer et surtout de repousser leurs limites. Loin de résumer les surfeuses à un physique, Jo-Anne célèbre leur courage, inspirant et universel, dans le surf comme dans la vie. Et comme Jeanne des Filles du Surf, souhaite en diffusant son art sur les réseaux, ouverts à tous, faire connaître au plus grand nombre ces incroyables filles surfeuses, tout aussi passionnées et douées que les hommes.

Lecture d'un magazine de surfeuses sur canapé Jo-Anne HendersonIlustration de Jo-Anne Henderson des planches de surfUne surfeuse sous la douche Jo-Anne Hendersonillustration de surfeuse par Jo-Anne Hendersencorde à linge vêtements de surf qui sèchent

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