Ignacio Bandera[CHL]

  • Photographie & Cinéma

Chronique

Le 29.10.2019 par JULIETTE MANTELET

Avec la série ‘The Promise’, on entend la promesse d’une plongée au cœur du « vrai Maroc », loin des touristes et des souks. Ignacio Bandera nous invite à voyager loin des sentiers battus ; un retour à l’authenticité, tout en couleurs pastel.

LE « VRAI MAROC »

Il était ingénieur. Un jour, il a tout arrêté pour devenir photographe à plein temps. Ignacio raconte avoir eu le sentiment de faire trop de choses pour les autres plus que pour lui-même, de suivre une voie toute tracée par la société : aller à l’université, trouver un job, se marier, acheter une maison… Comme son grand-père venu d’Espagne au Chili dans l’espoir d’une vie meilleure, Ignacio a changé de route.

C’est ce même lien à sa famille qui l’a conduit au Maroc. Chilien installé à Berlin, Ignacio a toujours entendu parlé du Maroc, pays de naissance de son père. Sans y être jamais allé. Jusqu’au jour où l’un de ses amis, de passage à Berlin, lui annonce qu’il s’y rend. C’est sa chance : il réserve ses billets le jour-même et décolle pour le Maghreb. Intimidé par Marrakech, ses rues bondées et ses marchés animés où l’on alpague les touristes, Ignacio bifurque et part explorer les petites villes du nord-ouest du Sahara marocain. Il sort de cette bulle touristique et découvre le « vrai Maroc », où les habitants même s’étonnent de sa présence. Ces endroits où les touristes ne s’aventurent jamais. Sa méthode ? Monter dans un bus et descendre au hasard quand il aperçoit par les fenêtres un lieu incroyable. Faire du stop. Quitter les routes principales et ne pas suivre le flot de touristes. Au-delà de Marrakech, Essaouira, Fès ou Agadir.

Ses images nous rappellent l’esthétique du Singapourien Nguan, avec leur tonalité pastel et douce. Les deux hommes photographient les bâtiments, les locaux et les villes avec un regard aussi tendre que leurs couleurs et leur lumière. Loin des photos prises par les touristes – preuve unique de leur passage sur les lieux -, Ignacio vit le pays, s’y attache et le comprend. Il livre avec esthétisme ses détails caractéristiques et ordinaires. Son amour des teintes pastel, Ignacio raconte l’avoir développé à force de vivre dans la grise ville de Berlin. Mais en Allemagne comme au Maroc, il s’intéresse aux bâtiments abandonnés. « Ils attendent que quelque chose se passe » décrit l’artiste. C’est cette promesse qu’il conte en images : celle que quelque chose va peut-être se poursuivre. Et qu’il existe encore des endroits épargnés par les dérives d’Instagram et du tourisme de masse. Une beauté de l’inachevé et du réel, loin de l’Instagramable à outrance.

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