Fernõ[FRA]

  • Musique
  • 02.10.2018

    Rivage [1/1]

Interview

Le 19.01.2018 par Aphélandra Siassia

Ferno : de la plage à la scène, le soleil au rendez-vous

 

Quatorzième épisode de La Confinerie avec Ferño, ou Arnaud de son prénom, que nous avions interviewé en janvier 2018 sur Tafmag. Il sort le 17 juin prochain son premier EP, Aller-Simple, dont je vous invite à écouter le premier single, Osaka, à la fin de l’épisode.

Vous pouvez suivre et réécouter nos épisodes de La Confinerie à tout moment sur une sélection de plateformes. Bonne écoute !


Article du 19 janvier 2018 par Aphélandra Siassia

Le juste équilibre entre sérieux et second degré ? Arnaud l’a peut-être trouvé. Ce jeune compositeur et producteur hyper actif a des idées plein la tête. Membre des groupes Superjava et Fantastic Mister Zguy, il a décidé de prendre le large et de voguer en solo pour son dernier projet. Fernõ est né de tout ça, de rencontres hasardeuses, de délires entre potes mais surtout d’une furieuse envie d’écrire en français.

Artiste de la nouvelle vague

Même s’il assume pleinement son côté décalé, cet amoureux des rimes et des textes de Gainsbourg développe un répertoire foisonnant, ancré dans une nouvelle vague musicale française aux notes pop et électro. En terme d’influences, le spectre de Fernõ est large. Sébastien Tellier, Philippe Katerine, Brassens ou encore Cortex, des artistes aux univers distincts mais qui ont tous la particularité d’être francophone. Un obsédé de la musique française donc ? Pas vraiment, mais un passionné des mots oui. Rencontre avec un musicien qui n’a pas peur du ridicule.

Fernõ, c’est un peu un drôle de nom ?

C’est la contraction entre Fernand, le nom de mon arrière grand père et le mien, Arnaud. Et la petite vague sur le « o » c’est pour le côté folklorique. (rires)

C’est le petit côté espagnol ?

Exactement, j’ai des origines un peu lointaine. Mon père vient du Sud-Ouest, de Toulouse et moi j’ai un nom très espagnol, Arnaud Pujol. Ça allait plutôt bien avec les influences de ma musique.

« on s’éclate sur scène, on fait vraiment n’importe quoi. On porte des costumes de crevettes géantes. »

Justement, si tu devais décrire un peu ton « mood » en quelques mots, ça serait quoi ?

Ce projet, je l’ai fait pour m’éclater, il est un peu hybride entre la musique de concert et la musique de teuf. Mais y coller un style, c’est un peu plus compliqué. Disons que c’est de la pop et en live on va dire que c’est un peu plus électro. Pour l’instant les sons que j’ai sorti sont très solaires mais j’en ai des plus dark. Mais globalement, c’est de la pop.

Qu’est-ce que tu entends par hybride ?

À la base, je voulais faire danser les gens et écrire des chansons. La personne que j’ai le plus écoutée enfant, c’est Serge Gainsbourg mais tous les projets que j’avais fait jusqu’ici étaient en anglais. J’ai donc fini par me dire, « Allez, je sais écrire, je vais tenter le truc » . Je voulais un côté dansant aussi, très funky ou très électro, mélangé à un vrai texte, premier degré ou non.

Tu fais aussi partie de deux groupes, Superjava et Fantastic Mister Zguy ?

Oui. Fantastic Mister Zguy c’est de la pop rock « lo-fi », un truc totalement lunaire. Les deux groupes n’ont rien à voir. À la base, j’ai rencontré Zguy pour produire son deuxième EP. Ça s’est hyper bien passé et on s’est dit qu’on devrait faire du live ensemble. J’ai rejoint le groupe et le hasard a fait que trois des membres de Superjava fassent partie de Fantastic Mister Zguy. Une vraie petite famille. Et Superjava, c’est un projet que j’ai depuis deux ans avec deux amis. Ce sont de supers musiciens. C’est de la pop anglaise un peu funky. On a sorti un EP il y a quatre mois et le deuxième sort en février. On fait aussi  la prochaine campagne de pub pour Citroën. J’ai vraiment le plaisir de faire du live avec ces deux groupes. Mister Zguy, c’est de la musique douce mais on s’éclate sur scène, on fait vraiment n’importe quoi. On porte des costumes de crevettes géantes. (rires) C’est très festif. Fantastic Mister Zguy c’est plus rock.

 

Ça fait pas un peu beaucoup ?

Non, il y a 24 heures dans une journée… En plus je ne trouve pas que ça soit bon d’être focus sur un seul projet quand on fait de la musique. Tout ce que je fais avec Fernõ a été influencé par mon expérience avec Superjava. Tout le côté funky que je ne développais pas dans mes compositions par exemple. Mais aussi le côté second degré qu’on retrouve dans Fantastic Mister Zguy. À côté,  je produis des artistes. Là, on travaille en studio avec un mec super qui s’appelle Nicolas Ly. Je pense que ce sont toutes ces choses qui m’ont permis de faire un projet perso.

Pour autant, ils ont tout de même fini par t’agacer, tes acolytes ?

Non non pas du tout (rires). Fernõ est né de la volonté de vouloir chanter en français. J’avais envie d’incarner les textes, de faire passer un message. C’étaient des textes de toutes formes à la base. Au bout d’un moment, je me suis posé sur la musique. Les deux autres projets vont perdurer et ce n’est pas du tout une lassitude d’être en groupe ! Après c’est sûr qu’être tout seul, c’est plus simple. Le personnage de Fernõ, je l’ai créé hyper facilement. Je n’ai pas à m’accorder avec les membres d’un groupe du coup c’est plus fluide dans le process de création.

Travailler seul, chanter en français, recherchais-tu plus d’authenticité ?

Oui. Écrire en français, c’est une prise de risque. C’est plus intimidant aussi quand on chante car au-delà de la mélodie, les gens écoutent ce qu’on dit et capte que c’est personnel. Parce que tu comprends les artistes parlent d’eux dans leurs chansons (rires). On se met un peu à nu en français.

As-tu grandi dans une sphère musicale ?

Pas vraiment mais je suis vite allé au conservatoire. Je fais de la guitare depuis que j’ai 6 ans. À 13 ans j’ai arrêté le conservatoire parce que ça me bloquait et à 14, j’ai commencé des cours de guitare brésilienne avec un super prof. Un an plus tard, j’avais mon premier groupe. C’était l’époque des bébés rockers. On faisait des concerts, c’était génial. Mais mes parents adorent la musique. Il y en a toujours eu à la maison. Mon père est fan de Brassens et ma mère aime tout ce qui peut la faire danser que ça soit Dalida ou Maître Gims (rires).

Du coup, qu’est-ce qui t’a influencé musicalement ?

Plein de choses c’est peut-être le problème mais Gainsbourg m’inspire beaucoup. Pour la musique et l’image, c’est plutôt Sébastien Tellier et son album Sexuality. Son morceau Roche, est hyper précurseur, à la fois sexy et dansant.

 

Quand j’ai écouté tes sons, j’ai directement pensé à Sébastien Tellier en effet, et Philippe Katerine.

Philippe Katerine évidemment. Je suis un grand fan. Il y a tellement de trucs, même ce qui se fait actuellement dans la musique française, Flavien Berger ou encore Bertrand Burgalat et Ricky Hollywood. Ils ont fait un duo cette année et ça fait : « As-tu fais l’amour, as-tu fais l’amour hier ? », la chanson est géniale. Bertrand Burgalat est un pionnier de la musique électronique. Il y a plein de trucs supers en ce moment et forcément j’y suis exposé donc tout ça m’influence aussi. Il y a des trucs des années 1970 comme Cortex que j’adore. C’est tout ce mélange qui influence ma musique de près ou de loin.

Tu pioches un peu partout en somme ?

C’est inconscient mais j’écoute beaucoup de musique française, ça doit jouer. Quand je suis en période d’écriture, j’essaye de ne pas en écouter parce que sinon c’est hyper dangereux. Un album de Tellier ou de Gainsbourg, je peux les écouter 40 fois par semaine. Du coup, quand je compose ça se ressent.

Revenons sur la construction de ce nouveau projet et des deux titres « Voie lactée » et « Sambo ».

Sambo c’est la première chanson que j’ai écrite pour le projet. En mars 2017, j’ai commencé à écrire quatre, cinq sons et je suis allé au Festival Pete The Monkey pendant l’été. Avec l’un de mes potes réalisateurs on s’est dit : « Viens, on prend une caméra, on va rigoler, on va tourner quelques images ». Et puis j’ai trouvé un kimono dans une friperie. Je trouvais que ça incarnait bien le truc. Et voilà, on a tourné ces images, on a fait ça sur deux jours. C’est comme ça qu’est né Sambo, d’un délire entre potes et d’une D.A [Direction artistique, ndlr] hyper naturelle. Tout est venu de manière irréfléchie mais c’est ça qui est drôle. Puis, j’ai écrit d’autres chansons et j’ai glissé un petit karaoké dans mon EP. Voie lactée, ça doit être la quatrième chanson que j’ai écrite. Je ne la trouvais pas bien au début mais je l’ai fait écouter, je l’ai jouée en live et les gens réagissaient bien. J’ai donc fini par la sortir.

 

 

Tes deux clips sont à l’image de ton univers, décalé et travaillé à la fois. Est-ce que tu recherches de la pure spontanéité ou essayes-tu de construire une esthétique particulière ?

C’est un peu les deux (rires). Avoir une identité visuelle c’était primordial pour moi mais c’est venu tout seul, avec le côté kitsch et le second degré. C’était spontané. On a forcé le trait dans le deuxième clip. J’ai présenté une idée à mon manager et sa copine. J’ai fait une sorte de storyboard immonde puis on a fait appel à BengaleL On a commencé à réfléchir avec Baptiste, le photographe de la boîte à une séance photo. Et il m’a dit : « On fait rien, on prend juste un fond rose. » On s’est mis dans son appart, il a pris son appareil et il a commencé à me shooter. Il y avait son chien qui se baladait, c’était complètement fortuit. Tout s’est fait comme ça.

Qu’est-ce qui nous attend pour la suite ?

Je travaille avec l’un des deux DJ de Fatoumata sur son projet, Mirabeau. Il fait un album de producteur avec plusieurs collabs. C’est une track qui j’espère sortira sur le premier EP. Elle s’appelle Amaretto et parle bien de l’alcool (rires). Il y a la sortie de l’EP en avril et j’ai une quinzaine de sons finis que je mixe en studio. Il y en aura peut-être un autre en septembre ou octobre. Je construis mon projet doucement et ça me plaît bien finalement. Et sinon des concerts. J’ai eu la chance d’en faire des très cool. À Hello Birds, au Pop Up du Label ou à la Boule Noire en première partie d’Alice et Moi. Et mardi 23 avec le collectif Sauce Blanche dans un kebab, un live qui risque d’être très très marrant.

Et gourmand ?

Oui ! C’est 10 euros, le menu bière, kebab et entrée (rires).  Ça va être top et je joue avec un mec qui s’appelle Boy Racer. Une musique planante, très cool.

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