Diane Sagnier[USA/FRA]

  • Photographie & Cinéma

Interview

Le 14.01.2019 par JULIETTE MANTELET

Diane est une artiste franco-américaine, photographe, vidéaste et chanteuse. C’est une touche à tout qui transmet, peu importe la discipline, une douceur lumineuse et mélancolique. En photo, ses domaines de prédilection sont la mode et la musique. Deux genres où les gens sont au cœur du médium, ces gens que Diane immortalise dans des portraits solaires, évanescents. Quand on la rencontre chez elle, un gentil bordel à son image où guitares et appareils photo se mêlent joyeusement, ce côté ensoleillé nous frappe immédiatement. Ses cheveux verts attrapent la lumière, Diane rayonne, rit sans cesse tout en répondant aux questions avec une grande spontanéité, ponctuant avec charme son discours d’un mot anglais qui lui échappe de temps à autre, rappel de ses origines américaines.

SOUS LE SOLEIL, EXACTEMENT

Diane a grandi dans le Sud de la France et a fait du soleil de Provence sa principale source d’inspiration. « Il faut qu’il y ait de la lumière dans les images. La grisaille en forêt, c’est la pire ambiance possible » s’amuse l’artiste. Elle est fascinée par la lumière naturelle, par la façon dont elle tombe sur un vêtement ou un visage. La lumière c’est son allié le plus fidèle, qui l’aide à mettre en valeur ceux qu’elle shoote, à les rendre « les plus beaux et les plus vrais possibles ». Diane veut faire ressentir « l’aura » des gens qu’elle photographie et pour lesquels elle a eu un coup de cœur. Cette aura lumineuse, solaire et colorée caractérise sans hésitation son style photographique et rappelle beaucoup celui de Pierre-Emmanuel Testard. Tous deux sont des photographes de l’été, de la chaleur qui irradie dans leurs images prises à l’argentique dont la texture colle si bien à cette nostalgie. Les photos de Diane agissent tout de suite sur l’esprit, leur lumière évanescente et mélancolique évoque la fin des vacances, la nostalgie intemporelle de l’été. On se remémore alors les road-trips passés, les voyages trop vite terminés. Ses photos, c’est le soleil de midi qui tape sur la peau, la lumière douce et intime d’une soirée chaude d’été, l’éclat doré d’un coucher de soleil sur la mer, le crépitement du feu de camp, le soleil qui défile depuis la voiture qui nous emmène loin. Diane fait revivre à son spectateur tous ces moments de vacances où l’on se sent libre, intensément vivant. « I got that summertime summertime sadness »

I GOTTA FEELING

Diane raconte que lorsqu’elle étudiait aux Gobelins, on lui demandait de commenter des images et de répondre à cette question : « Tu aimes bien ? ». Elle, dans sa tête, avait tout de suite transformé cette question en : « Est-ce que quand mes yeux se sont posés sur cette photo, j’ai ressenti quelque chose ? ». Ressentir, un mot qui n’a depuis plus quitté son vocabulaire. Diane est une artiste émotive, photographiant ceux qu’elle aime, les artistes auxquels elle croit, ses copines qu’elle veut célébrer. Lorsqu’elle édite ses photos, elle garde toujours en tête cette question du ressenti : « Il faut qu’il se passe quelque chose » résume-t-elle. Et c’est grâce à sa lumière que Diane remplit son objectif. Son art nous fait revivre des émotions, nous replonge dans des ambiances magiques. Elles offrent un break agréable dans un monde doux et « dreamy ».

SUMMER BREAK

Les créations de Diane invitent à l’évasion. Ce sentiment de « vacances éternelles » est présent aussi bien dans ses photos que dans son projet musical, « Camp Claude » au style « dream pop » dont les chansons accompagneraient parfaitement un road-trip californien : route déserte, station essence abandonnée… Même le nom du groupe a été choisi en référence aux vacances et aux camps d’été. « Le camp de vacances c’est ce lieu où tu vas pendant une période donnée et où tu as tout de suite envie de retourner », décrit l’artiste. Et c’est ce qu’elle souhaite recréer en images et en musique, cet épisode des vacances où « tu perds la notion du temps, où tu ne sais plus quel jour on est ».

Diane a justement commencé la photographie pour s’évader, sortir de l’ennui, « tuer le temps ». S’évader aussi d’un Sud aux allures idylliques mais également très touché par la pollution et la destruction. Elle décrit l’horreur de l’étang de Berre, « plein d’algues et interdit de baignade », l’industrialisation rapide de cette région et la réserve de Carry-le-Rouet, où la plupart des poissons qu’elle observait petite avec son père ont disparu. Au-delà des vacances, Diane souhaite donc offrir une bulle de douceur loin d’un monde capitaliste basé sur une consommation effrénée, une alternative lumineuse et hors du temps face à toute cette violence. « C’est une richesse immense d’avoir la possibilité de s’évader dans sa tête ou géographiquement » conclue Diane.

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