Be Fernandez[ESP]

  • Illustration

Chronique

Le 21.01.2019 par JULIETTE MANTELET

Be Fernandez vit et à travaille à Madrid. C’est aussi dans la capitale espagnole qu’elle a fait ses études de dessin. Elle a en fait commencé à dessiner bien plus tôt, en essayant d’imiter le trait des bande-dessinées de son père. C’est lui aussi qui lui a acheté son premier livre de dessin intitulé : « Apprendre à dessiner des BDs ». De ces inspirations est né son style, précis et réaliste.

TEENAGE DREAM

Les personnages de Be sont très détaillés, ses traits sont fins, précis, anguleux. Elle s’intéresse aux visages et ne simplifie rien. Les contours noirs qui définissent la silhouette des personnages rappellent la ligne claire, célèbre en bande-dessinée. Les personnages de Be ont besoin d’être très caractérisés car ils sont là pour raconter une petite histoire, un moment de la vie et pas simplement évoquer une idée ou un sentiment. Chaque personnage possède son parcours, son appartement, sa personnalité, son style, comme dans une bande-dessinée. Chacun est pris dans un moment bien défini. Les femmes, même si elles sont toutes brunes, évoquant les femmes espagnoles et l’illustratrice, peuvent avoir les cheveux courts ou longs, bouclés ou lisses. Be ne décline pas un personnage unique comme c’est souvent le cas en illustration. On pense aux soeurs Sorlet, par exemple, qui déclinent à l’infini ce même petit personnage schématisé. Be, elle, traque le réalisme, autant dans les décors que dans les vêtements. Sa façon de dessiner les visages, avec les grands yeux bordés de cils marqués, la bouche pulpeuse et arrondie fait aussi penser à Bijou Karman.

Be emprunte au mouvement de la ligne claire l’envie des décors détaillés dans lesquels on peut trouver mille petits clins d’œil réjouissants, comme son affiche vagin, le poster de Tame Impala ou encore ses phrases : « It hurts », « Shit Happen ». Mais Be prolonge le réalisme de représentation jusqu’aux personnages, au style américain branché, très « teenagers » de séries TV des campus américains. On retrouve aussi le même fourmillement dans le dessin que chez une autre illustratrice espagnole, Ana Jaren, où tant le décor que les personnages retenaient notre attention.

PINK LADIES

Dans le monde de Be, tout est clair, coloré et pastel. Les ombres ont disparu pour mettre en valeur un usage intelligent de la couleur et notamment du rose. Ce rose pastel est omniprésent. En petites touches ou en fond coloré, il domine. Mais contrairement à l’usage habituel de cette couleur utilisée pour symboliser la femme, Be en fait une utilisation plus intéressante. Pour elle, le rose est généralement associé à « la fragilité et à la douceur ». Elle se sert donc de cette couleur pour redéfinir la vision de la féminité et la mettre en opposition avec l’attitude de ses femmes, puissantes et confiantes. Loin de la fragilité et de la douceur, ses femmes ont les yeux fiers. Elles nous regardent à travers le dessin et plantent leur regard, comme des Mona Lisa 2.0.

Envie de créer un projet avec cet artiste ?
Contactez-nous