Andy je t’aime[FRA]

  • Musique

Interview

Le 14.06.2019 par JULIETTE MANTELET

Derrière le pseudonyme Andy je t’aime se cache Brice Michelini, un jeune homme originaire de Caen, follement et éperdument amoureux de sa muse, Andy, rencontré sur un tournage. Brice est comédien et acteur, monté à Paris pour faire d’abord du théâtre, aux cours Simon, puis aux Enfants Terribles, il est aussi tombé amoureux du cinéma. Il y a quatre ans, il s’est plongé à corps perdu dans la musique, dans l’optique de développer un projet plus global. Ses deux premiers titres très rythmés, « Que Toi » et « Andy m’aimes-tu ? », aux clips soignés, évoquent le choc amoureux, les douleurs et les inquiétudes inhérentes à l’amour. Ces sujets sont traités avec enthousiasme et légèreté sur des airs pop hyper entraînants qui donnent envie de danser et qui rappellent, nécessairement, les années 80. Sur un fond de synthé, Brice monte dans les aigus et scande : « Je n’aime que toi, j’ai peur, j’ai froid, la nuit sans toi »… Attention frissons !

Comment es-tu arrivé à la comédie ?

De la même manière qu’à la musique. Par un hasard, un coup de chance. Mon père voulait que je fasse du sport. J’ai fait du judo, du tennis… Rien ne prenait, je n’étais pas du tout sportif. Et un jour, à l’âge de sept ans, il m’a emmené dans un énième cours, cela devait être du badminton, mais toutes les places étaient déjà prises. Et là, une dame nous a dit qu’il restait des places encore disponibles pour un cours de chant et un cours de comédie. C’est le pur hasard, j’ai commencé le chant et la comédie le même après-midi, ça s’enchainait et ce fut une révélation pour moi. Je m’épanouissais, j’avais trouvé l’endroit où je me sentais bien.

Qui est Andy ?

Andy c’est l’homme que j’aime… C’est Andy je t’aime.

Pourquoi autant de 80’s DANS TA MUSIQUE ?

C’est un pur hasard. Je ne vais pas renier ces sonorités-là, mais cela n’a absolument pas été l’idée de départ. Je ne me suis pas mis en studio en me disant : « Tiens je vais faire du Jeanne Mas ». Mon projet, c’était de faire danser. Mais comme on n’arrête pas de me dire que c’est 80’s, je me dis que sans doute, il y a un amalgame qui se fait dans la tête des gens entre le fait que la musique soit spontanée, efficace, avec des accords majeurs et qu’elle ne se prenne pas la tête et l’époque 80’s. Je ne pense pas que cela soit un style musical 80’s. Tellement de choses se sont produites, tellement de groupes ont existé dans les années 80, il y a eu toute une vague de styles musicaux…. Mais ce qu’on en retient c’est l’énergie, la spontanéité, l’efficacité. Et comme je fais ce type de musique, on se dit que c’est 80’s, mais ce n’est pas le projet de départ.

Quel est ton rapport au kitsch ?

J’adore le kitsch ! Dans ma déco, chez moi, mais un kitsch mesuré, étudié. Je crois que c’est l’effet plaisir, l’effet kiffance. Je viens dans ce métier et dans ce milieu sans passé, sans éducation, sans réseau de personne avec qui je pourrais discuter et qui pourrait me dire : « Ça c’est très élégant ». Je viens assez vierge et si un son de synthé me plaît, je vais le mettre. Je ne me dis pas : « Ça c’est vulgaire, ça je n’ai pas le droit de le mettre » …Si ça me fait le frisson, peu importe le son que ça a. Et si c’est kitsch tant pis. Je ne réfléchis pas comme ça. Je n’ai rien à perdre et presque tout à gagner. Et les gens ont du plaisir à écouter ce que je fais, donc mes sonorités ne sont peut-être pas si à côté de la plaque que ça (Rires).

« Si ça me fait le frisson, peu importe le son que ça a. Et si c’est kitsch, tant pis »

Ton dernier clip, « Andy m’aimes-tu ? » aborde Les grands combats des derniers siècles. Quels seraient pour toi les grands sujets de notre génération ?

Ce sont des poncifs énormes, mais l’écologie. C’est le gros sujet de notre génération, réussir à bien traiter notre planète. Ce serait la peur de l’ennui aussi, qui est terrible. Je dirais les réseaux sociaux également empiriques et oppressants.

Et toi, de quoi veux-tu parler dans tes chansons ?

À priori, d’amour ! Il y aura des variantes, mais le prisme de mon projet c’est l’amour. C’est mon sujet de prédilection, d’investigation personnelle, avant même de faire de la musique, à travers les livres, la sociologie. J’écoute Barbara et je pense que l’amour était aussi son grand sujet. C’est un sujet un peu égocentrique pour le coup.

Pourquoi égocentrique ?

Parce que je parle de mon propre amour. L’idée c’est de réussir à ce que mon discours personnel, mon sentiment amoureux arrive à traverser les gens et à les percuter eux aussi. Si on écrit une chanson d’amour qui est sincère, elle devient presque universelle, elle accroche les gens. Ces gens qui passent par ces émotions dont je parle dans mes chansons : la peur de l’absence, le choc amoureux, la relation amoureuse… Et tout ce que cela implique de dur. Ce qui est drôle, c’est que les gens sont plus réceptifs à ce qui est douloureux dans l’amour que à ce qui est heureux. Ce qui est heureux c’est presque anecdotique, on n’en parle pas. C’est beaucoup moins intéressant d’écouter quelqu’un nous raconter que son amour va bien que quelqu’un qui nous dit « On va peut-être se quitter ». Là ça fait un sujet. Être heureux en amour ça ne fait pas parler très longtemps.

Ta première chanson « Que Toi » a été PERçUE comme un hymne gai, qu’en penses-tu ?

Je n’ai vraiment pas pensé à composer un hymne gai, et je ne suis d’ailleurs pas là pour en décider, c’est une décision collective. Mon projet c’est de parler de l’état amoureux, et l’état amoureux n’est pas sexué, il est universel. Je ne renie pas d’être homosexuel, c’est dit dans le titre. Mais l’idée est d’abord  de parler d’amour. Quand j’écoute une chanson d’amour, je suis percuté par le discours amoureux et ça ne m’intéresse pas de savoir avec qui couche le chanteur ou qui il drague. Ce sont ses mots et sa musique qui me percutent et m’atteignent.

« Être heureux en amour, ça ne fait pas parler très longtemps. »

L’amour en 2019, c’est quoi ?

C’est un peu compliqué. L’amour en 2019 c’est évidemment toutes les applications de rencontres. Moi je ne suis pas né dans les applications, et je n’ai pas découvert l’amour comme ça. On fait un gros sujet des applications aujourd’hui, mais je pense qu’en fait c’est le même hasard que de rencontrer quelqu’un dans un bar. Les deux ont leurs contraintes. Les rencontres peuvent se passer n’importe où, n’importe comment. Je considère que l’amour c’est la seule chose qui nous dépasse réellement. L’homme à cette croyance qu’il peut tout maîtriser, mais l’amour c’est un peu la chose dont on ne maîtrise ni les tenants, ni les aboutissants. On essaye de l’étudier, de comprendre l’amour mais on ne le maîtrise pas… Et c’est presque plus essentiel que la vie elle-même pour moi, c’est ce qui donne du sens à la vie. Gainsbourg l’a dit avant moi : « La vie ne vaut d’être vécue sans amour ». Ce sentiment ne se modifie pas, ne s’altère pas avec le temps. L’amour reste intact et imperceptible.

Envie de créer un projet avec cet artiste ?
Contactez-nous