Agathe Hernandez[FRA]

  • Photographie & Cinéma

Interview

Le 27.09.2021 par Julie Le Minor

Agathe Hernandez, Marseille en plein coeur

Parisienne d’origine, Agathe fait partie des nombreux jeunes de la capitale à avoir franchi le rubicon en allant vivre à Marseille. Aujourd’hui, cette passionnée de food aux multiples talents – DA, photographe et rédactrice de bons contenus – poursuit ses deux passions dans la cité phocéenne, l’art de la table et la photographie. À un détail près toutefois, à Marseille, le soleil est toujours au zénith.

Hello Agathe, merci de nous faire découvrir ton Marseille ! Quand t’es-tu installée ici ?

Cela fait un an que j’ai déménagé à Marseille. J’ai vécu toute ma vie à Paris mais mes parents sont originaires de Château Arnoux Saint-Auban en Haute Provence. J’ai passé la moitié de ma vie dans cette maison de famille et je suis très attachée à ce lieu et à la Provence.

Qu’est-ce qui t’a poussé à quitter Paris pour Marseille ?

Le confinement a beaucoup accéléré les choses. J’ai eu la chance d’être confinée en Bretagne dans une maison avec un jardin et à mon retour à Paris, j’ai su que je n’avais plus envie d’y vivre. Cela faisait longtemps que je voulais déménager à Marseille que j’ai vraiment découverte grâce à mon travail avec Le Fooding pour lequel j’ai testé une vingtaine d’adresses dans la ville. Cette ville m’a toujours attiré et à la sortie du confinement, je n’avais plus rien qui me retenait réellement à Paris, j’ai donc décidé de sauter le pas.

Plat de fruits de mer en vente sur le marché

Comment s’est passée cette première année marseillaise ?

Si je devais la résumer en un mot : intense ! Il a fallu tout reconstruire dans cette nouvelle ville et même s’il y a eu un petit temps d’adaptation, tout s’est passé très vite. Je pensais m’installer tranquillement puis chercher du boulot mais finalement, j’ai eu plein de projets rapidement et depuis mon arrivée à Marseille, je n’ai pas arrêté de bosser !

 

Je crois qu’au Fooding, tes collègues te surnommaient le « mouton à cinq pattes » ou le « couteau suisse » en raison de tes multiples talents puisque tu es directrice artistique, rédactrice food et photographe. Lorsqu’on regarde ton Insta @AGATHEHEWHATYOUNEED, on est tout de suite projeté dans un Marseille très coloré, brut et intimiste, un Marseille qui donne l’eau à la bouche.

Marseille a été une véritable renaissance photographique. Si je devais résumer les photos que je fais, je dirais qu’elles sont solaires. Le soleil est un élément déterminant pour moi. C’est un peu mon meilleur pote en fait ! J’ai toujours pris des photos en lumière naturelle et déjà à Paris, dès qu’il y avait un rayon de soleil, je prenais mon appareil pour shooter tout ce qui m’entourait. Quand je suis arrivée à Marseille, cela a été une révélation. Ici, l’inspiration se trouve à chaque coin de rue.

Dans mon travail j’essaye toujours de ne pas être caricaturale, de me tenir éloignée des clichés que peuvent avoir les parisiens en venant à Marseille. Je me sens plus marseillaise que parisienne à vrai dire et ce qui m’a fait venir ici ce n’est pas forcément la mer en premier lieu, c’est cette ambiance si particulière que l’on ressent ici, au coin de la rue, dans la boulangerie en bas de chez toi, à un dîner chez des marseillais : le vrai, le grande gueule, la chaleur, le coeur sur la main, le sang chaud

Qu’est-ce qui t’inspire à Marseille ?

J’aime shooter les gens avec de vraies tronches. Pas forcément des gens célèbres, seulement des gens qui ont des histoires à raconter, des trucs à dire. À Marseille, on tombe très facilement sur de nouveaux personnages. Le contact se fait facilement, à la terrasse d’un café, à la plage… J’ai toujours mon appareil photo avec moi comme lorsque je vais à la plage des Catalans et que je photographie Michel, un habitué. Chaque personne que je rencontre à Marseille est comme une madeleine de Proust. En venant vivre à Marseille, je me suis reconnectée avec mes racines provençales, une culture qui m’a toujours bercé et que j’ai la chance de vivre aujourd’hui pleinement.

homme en maillot de bain jaune en train. de bronzer le long de la plage des catalans à Marseille

Tu es une véritable passionnée de food ! Comment décrirais-tu la cuisine marseillaise ?

C’est une cuisine très aillée évidemment, on mange de l’ail partout ! C’est une bouffe simple, très conviviale, sans chichis. Pour moi, ce sont des plats qui se partagent car c’est comme ça que je le vis depuis que je suis toute petite. La cuisine marseillaise se définit aussi par son aspect multiculturel, beaucoup de plats à Marseille s’inspirent de plats du Sud, de l’Italie par exemple. On trouve de nombreux croisements et influences dans les assiettes.

En t’écoutant et en regardant tes photos, on a l’impression que la nourriture à Marseille, c’est aussi une philosophie de vie, une sorte de grande messe hédoniste.

Oui, c’est comme l’Aïoli ! C’est un plat typiquement marseillais et il y a vraiment une tradition autour de ce plat que l’on déguste dans les restaurants de la ville tous les vendredis. C’est un rituel que l’on suivait également chez ma grand-mère. Vendredi, c’était Aïoli. Puis, il y a le pastis aussi ! Il n’y a qu’à Marseille que tu as envie de déguster un Pastis ou une moresque en terrasse sous le soleil. Il y a un truc dans l’air qui fait qu’ici, tu préféreras toujours un bon pastis à un verre de vin.

Comment décrirais-tu l’atmosphère de la ville ?

Comme on dit ici, je dirais « nature-peinture ». C’est vraiment une ambiance très brute, très chaleureuse aussi. Il y a encore des gens et des lieux qui sont restés tels quels, sur lesquels le temps n’a pas d’emprise. Puis Marseille, c’est comme New York, j’ai l’impression qu’ici tout est possible ! C’est une ville qui marche au feeling. Les marseillais, ils aiment ou ils aiment pas. Et quand ils aiment, c’est un amour inconditionnel.

Deux femmes agées en maillot de bain l'une assise et l'autre debout sur la plage

Et la jeunesse marseillaise alors ?

À Marseille, tu croises des jeunes à tous les coins de rue, solo ou en bande, en trottinette ou en scoot. C’est une jeunesse qui me semble créative, une jeunesse pleine de projets et d’ambition. Une jeunesse très teufeuse également. On sort beaucoup, on boit des coups, on danse en club. Finalement, je pense que les jeunes qui ont vécu au bord de la mer à Marseille ont une certaine liberté que nous n’avons peut-être pas en grandissant à Paris.

Pour l’écrivain marseillais Hadrien Bels (Cinq dans tes yeux), le Vieux Port est l’endroit le plus symbolique de la ville. Et toi, si tu devais décrire la ville en un lieu ?

Contre toute attente, je dirais la plage des Catalans ! Ce n’est pas la plage préférée des Marseillais car elle est en plein centre-ville, très accessible, et donc souvent bondée. Mais c’est un lieu d’inspiration sans pareil ! Je vois toujours des gens avec des looks incroyables. Des gens beaux, des gens drôles, des gens stylés. C’est une plage qui fonctionne comme un quartier ou un café. Avec ses rituels, ses habitudes et ses règles. Je trouve cette plage fascinante.

Ton restau préféré ?

La pizzeria La Bonne Mère car j’ai une très forte attache avec les fondateurs, Maeva et Jérémy, alias Jéjé. Ce sont des marseillais authentiques et ils m’ont carrément adopté quand je suis arrivée à Marseille. C’est un endroit unique qui définit très bien la ville selon moi : un cadre chaleureux, brut et authentique. J’y vais pour manger, pour boire un coup, heureuse ou triste. C’est une ambiance comme à la maison.

Double pizza dans son carton ouvert sur un scooter noir

Un mot pour résumer Marseille ?

Indomptable ! J’ai le sentiment que quoi qu’il arrive, Marseille ne changera pas vraiment. C’est une ville qui ne se laisse pas faire, comme les marseillais d’ailleurs. Marseille est une ville avec un fort caractère et qui le restera. Marseille est une ville de caractère.

Verre de pastis posé sur un coin de table Homme agé en maillot de bain bronzant le long d'une palissade Photo d'un immeuble au teinte de rose sur un ciel bleu Photo d'un pot de glace posé sur la plage Vue de la plage des catalans

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